Silence dans la salle. Les visages sont concentrés, tous les regards tournés vers le pupitre noir qui préside l’assemblée, derrière lequel se tient Jean. Il prend une grande inspiration. Epaules droites, pantalon au pli impeccable et appareil auditif à peine visible dans ses cheveux sombres, il gratifie l’assistance d’un large sourire, puis s’élance. «On vous l’a tous dit au moins une fois avant un examen, une réunion, un entretien, ou toute autre situation où il fallait assurer.» A renfort de gestes, de regards complices et de légères touches d’humour, il conquiert un auditoire suspendu à ses lèvres en défendant la thèse qui lui a été attribuée trois mois auparavant : non, la confiance en soi n’est pas un privilège. Enchaînant exemples et arguments, Jean, 23 ans, prend de l’assurance et déploie toute la puissance de sa voix. Jusqu’au point final : «Le manque de confiance en soi, c’est le doute. Le doute, c’est la peur. Et il n’y a que les fous qui n’ont peur de rien. Et il n’y a que les braves qui surmontent leur peur.»
Les applaudissements emplissent la salle polyvalente du collège-lycée Morvan, établissement privé du IXe arrondissement de Paris accueillant près d’une centaine d’élèves sourds, malentendants et atteints de troubles du langage. Depuis trois mois, la vaste pièce décorée de papier crépon se transforme chaque mardi soir en atelier d’éloquence pour personnes en situation de handicap. Ces dernières participent à la troisième édition du concours Tous