Depuis plus d’un an, Marie supporte quotidiennement des conditions de travail dégradées et des injonctions contradictoires, des applaudissements suivis de remontrances, des mises en accusation. Elle supporte le tapis rouge déroulé dans les médias à des vendeurs de télé-achat qui viennent fourguer leur came et expliquer que les réanimateurs en font trop et hospitalisent des gens qui n’en ont pas vraiment besoin, par vengeance politique envers le gouvernement, ou jalousie envers les experts de plateau qui se tuent à expliquer depuis des mois que l’épidémie est en train de s’éteindre… Marie a 35 ans. Elle est médecin en réanimation depuis une dizaine d’années :
«Je suis triste et en colère. J’ai dû annoncer à une jeune fille blottie dans les bras de sa mère, que son père était décédé. Il avait contracté le Covid. Son épouse avait elle-même été contaminée au sein de l’école maternelle où elle travaille, où plusieurs enfants avaient été testés positifs. Le temps d’être prévenue par l’administration et de s’isoler, elle avait déjà contaminé son mari et sa fille. Si elles sont toutes deux restées asymptomatiques, le papa a développé des symptômes et a dû être hospitalisé quelques jours plus tard. Son état s’est dégradé et il a été transféré en réanimation. Il a passé plusieurs jours sous oxygénothérapie à haut débit et venti