Il est 7 heures, et devant la maison de Béatrice et Christian, dans le village mosellan de Voyer, vient de se garer une Skoda grise. Lui s’assoit devant sur son coussin rouge, elle à l’arrière. Le taxi démarre, des conversations anodines aussi : la pluie qui s’abat ce matin-là, les saucisses et les pots de confitures que le couple de retraités a donnés à leur conductrice. C’est qu’ils ont leur routine depuis un mois : tous les matins ou presque, Laetitia Geyer les conduit au CHU de Metz, pour la radiothérapie de Christian, à 90 kilomètres de là – en suivant le trajet défini par ViaMichelin, que la conductrice doit suivre scrupuleusement selon les règles de remboursement de l’Assurance maladie. 1 h 20 de champs défilés plus tard, les voilà sur le parking réservé aux transports sanitaires. Leur conductrice les guide jusque dans la salle d’attente. «Heureusement : au début, on se serait perdu…» dit Béatrice. En rentrant, elle lui tend un sachet de betteraves du jardin, comme un énième remerciement.
Qui pense qu’un taxi médical se résume à conduire des clients d’un point A à un point B n’est certainement jamais monté dans celui de Laetitia Geyer – et sans doute d’autres. Dans l’habitacle, on parle potager, tartes aux quetsches ou aux mirabelles. Souvenirs d’enfance et anecdotes de vie. «Je veux qu’ils se sentent comme des humains avant d’être des malades.» Elle n’occulte pas la maladie – l’attention qu’elle porte à la boisson que Christian doit boire avant d’arriver