Ils ont sorti les banderoles devant le salon annuel de la Fédération hospitalière de France. Ce jeudi 23 mai, une centaine d’agents hospitaliers affublés de chasubles rouges, bleus ou blancs se sont rassemblés devant Santexpo, le salon interprofessionnel de la santé réuni pour quelques jours à Paris, à l’appel des syndicats CGT, FO, Unsa et CFTC. Objectif : obtenir une prime de 2000 euros pour l’ensemble du personnel hospitalier pour leur travail lors des Jeux Olympiques. «[Les agents hospitaliers sont] tous concernés au regard des pressions multiples […] sur les congés payés, les menaces de modifications de planning, les futures contraintes [de circulation], de modifications de désertes de transports», justifient les syndicats dans une lettre ouverte à leur ministre, distribuée entre les rangs des manifestants. Ils avaient déjà manifesté en ce sens la semaine dernière, le 14 mai, devant le siège de l’AP-HP.
Les hospitaliers se sont déjà mobilisés, par le passé, en amont de la période estivale. Car elle est particulièrement critique pour les hôpitaux qui doivent composer avec les congés couplés à des difficultés de recrutement et, selon les territoires, un afflux touristique plus ou moins important. Mais cette année, les Jeux Olympiques exacerbent la colère. 15 millions de visiteurs sont attendus dans la capitale. Et qui dit plus de monde, dit potentiel surcroît d’activité. La vingtaine d’hôpitaux particulièrement exposés devrait bénéficier de 10 % de lits supplémentaires par rapport aux autres étés, soit 774 (dont 361 pour l’AP-HP).
Petite surprise en arrivant devant VivaTech (et Santexpo) à Portes de Versailles ce matin, avec une manifestation des syndicats de la santé pour une prime JO et de meilleures conditions de travail pic.twitter.com/iOKs6bJPwK
— Jérémy Torres (@torres_jrm) May 23, 2024
«À la RATP, ils vont avoir une prime parce qu’ils travaillent plus, et c’est normal. Mais pourquoi on n’en aurait pas une ?», souffle une autre manifestante. La direction de l’AP-HP a bien prévu d’octroyer un bonus : de 800 euros brut pour les personnels des catégories C à 2 500 euros pour les médecins. «Primes discriminantes» pointent les syndicats. D’autant que les conditions sont strictes pour en bénéficier. Sera concerné le personnel travaillant dans l’un des 80 services hospitaliers (sur 800) désignés comme particulièrement mobilisés par les Jeux - Samu, urgences, chirurgies, soins intensifs en particulier. Il faudra également travailler une semaine durant l’événement, et ne pas avoir pris plus de 21 jours de vacances consécutives pendant l’été.
«Primes discriminantes»
Sur de potentielles tensions, les autorités sanitaires franciliennes se veulent aussi rassurantes et n’anticipent «pas une évolution majeure par rapport à un été normal». Les syndicats, eux, affichent plus d’inquiétudes. «On nous dit qu’on ne travaillera pas plus pendant les Jeux, et en même temps qu’on doit s’attendre à accueillir potentiellement plus de monde. Pour nous ça n’a aucun sens.», dénonce Christophe Prudhomme, médecin urgentiste au Samu 93, à Bobigny, et porte-parole des Médecins urgentistes de France. «On se retrouve déjà à faire du gardiennage avec les patients, parce qu’on est en sous-effectif, et qu’on n’a pas les moyens de bien faire notre boulot. On doit faire le travail de six personnes à deux, prévient Malika, infirmière anesthésiste. On manifeste pour nous, mais aussi pour les patients.»
Les hospitaliers ne sont pas les seuls à entrer dans des négociations musclées avec leur tutelle pour une prime JO. Les agents de la SNCF pourraient décrocher jusqu’à 1900 euros brut, si l’accord trouvé mercredi était signé. Les forces de l’ordre, personnel de la RATP, éboueurs bénéficieront eux aussi d’une prime. Et le secteur de la sécurité privée vient d’annoncer un préavis de grève illimitée pour obtenir à son tour une revalorisation.