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Libération
Chronique «Aux petits soins»

Juliette, 16 ans, victime de la Dépakine et enfin indemnisée

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Le handicap au quotidiendossier
Pour la première fois, le laboratoire Sanofi a été condamné à fortement indemniser une jeune fille, lourdement handicapée après avoir été exposée in utero à ce médicament contre l’épilepsie. Le premier jugement d’une longue série.
Les données pharmacologiques se sont accumulées : non seulement la Dépakine a des conséquences physiques sur le fœtus, mais pire, elle peut provoquer des atteintes neurologiques gravissimes qui se révèlent progressivement et sont donc difficiles à appréhender. (GARO/PHANIE)
publié le 17 mai 2022 à 7h44

Juliette a 16 ans. Bientôt, elle sera majeure. Et ses parents sont, pour une fois, presque rassurés. Jeudi, le tribunal de Nanterre a en effet condamné l’industriel Sanofi à les indemniser à hauteur de 450 000 euros, leur fille ayant été exposée à la Dépakine in utero. «Vous savez, c’est une interrogation récurrente. Comment cela se passera quand nous ne serons plus là ? Comment Juliette pourra vivre ?» s’interroge son père.

Juliette n’a pas vraiment réagi. Elle est ailleurs. Elle vit dans son monde. «Elle entend tout, mais c’est comme si tout était à coté d’elle, explique son père. Elle a sa petite vie.» La journée, elle la passe dans son institut médico éducatif (IME), puis rentre en famille sur les bords de la Loire. «On ne réalise que maintenant, lâche encore le père. Ça fait neuf ans que la procédure judiciaire a été lancée. C’est long, très long, on en a reçu des coups.»

Quand elle est née, en 2005, tout allait bien. Sa mère, certes, prenait de la Dépakine, médicament largement prescrit pour éviter des crises d’épilepsie. «Cela marchait très bien, raconte son mari. Elle ne faisait plus de crises, et personne, jamais,