Menu
Libération
Santé

La consommation de tabac recule doucement dans le monde

D’après un rapport de l’OMS publié ce mardi 16 janvier, 150 pays ont réussi à réduire leur consommation de tabac. Mais des progrès restent à faire, notamment sur la sensibilisation auprès des plus jeunes.
En France, environ 15 millions de personnes fument de manière régulière ou quotidienne. (Jonathan Nackstrand/AFP)
publié le 16 janvier 2024 à 15h42

1,25 milliard de fumeurs dans le monde. Cela peut paraître énorme, pourtant ce chiffre est en baisse ces dernières années, réjouissant l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans son dernier rapport publié ce mardi 16 janvier sur les tendances du tabagisme. En 2022, environ un adulte sur cinq fumait du tabac ou des dérivés, contre un sur trois au tournant du millénaire, a rappelé l’organisation. Avec en ligne de mire : la réduction mondiale de 30 % de la consommation de tabac entre 2010 et 2025, fixé par l’OMS. Si certains pays ont déjà atteint cet objectif, d’autres stagnent ou s’en éloignent carrément.

En France, 15 millions de fumeurs

Ce rapport, qui examine les tendances de la prévalence du tabagisme entre 1990 et 2022, a récolté les données de plus de 180 pays, mettant en lumière de grandes disparités en fonction des régions du monde. Si 150 d’entre eux ont réussi à réduire le tabagisme sur leur territoire, seuls 56 pays dans le monde atteindront l’objectif de 30 % de réduction de la consommation de tabac d’ici à 2025. Le Brésil peut se vanter d’une baisse de 35 % de tabagisme dans le pays depuis 2010, tandis que les Pays-Bas sont sur le point de franchir les 30 %.

Six pays en revanche ont vu la consommation de tabac augmenter depuis 2010 : le Congo, l’Egypte, l’Indonésie, la Jordanie, Oman et la Moldavie. Cependant, dans l’ensemble, le monde est sur la bonne voie pour réduire d’un quart la consommation de tabac sur la période 2010-2025, estiment les auteurs du rapport. La France, elle, n’a pas l’air de se décider à lâcher la cigarette. Si 34,6 % de la population française fumait en 2010, ce sont 34,4 % des Français qui fumeront en 2025, soit une réduction sur cette période de… 0,5 %. A l’heure actuelle, 15 millions de Français ont la clope au bec de manière régulière ou occasionnelle.

Sur ce point, c’est dans l’Asie du Sud-Est que le pourcentage de la population consommant du tabac est le plus élevé, avec 26,5 %. La région européenne de l’OMS n’est cependant pas loin derrière, avec 25,3 %. Le rapport indique que d’ici à 2030, c’est bien la région européenne qui affichera les taux les plus élevés au monde, avec une prévalence légèrement supérieure à 23 %. Les taux de tabagisme chez les femmes sur ce territoire sont plus de deux fois supérieurs à la moyenne mondiale et diminuent beaucoup plus lentement que dans toutes les autres régions.

Des adolescents enfumés

L’Organisation mondiale de la santé exhorte les pays à accélérer leurs efforts de lutte contre le tabagisme, car il reste encore beaucoup à faire, notamment face à l’industrie du tabac. Selon le rapport, «les efforts visant à protéger les politiques de santé de l’interférence accrue de l’industrie du tabac se sont détériorés dans le monde entier». «Je suis étonné de voir jusqu’où l’industrie du tabac est prête à aller pour faire des bénéfices au détriment d’un nombre incalculable de vies», a accusé le directeur du département de promotion de la santé à l’OMS, Rüdiger Krech. «Des progrès notables ont été réalisés dans la lutte antitabac ces dernières années, mais ce n’est pas le moment de rester inactif», a-t-il mis en garde.

Le credo de l’industrie du tabac, ce sont les nouveaux produits dits sans fumée, qui récoltent un franc succès auprès des adolescents. Résultat, 10 % des jeunes âgés de 13 à 15 ans dans le monde consomment un ou plusieurs types de tabac selon le rapport de l’OMS. Cela représente au moins 37 millions de consommateurs de tabac adolescents, dont au moins 12 millions qui utilisent ces nouveaux produits. Des chiffres très largement sous-estimés puisque plus de 70 pays ne fournissent aucune donnée sur cette jeunesse.

Un manque d’information inquiétant face à une industrie qui tente de saper les efforts de santé publique de dissuader les jeunes de consommer du tabac. Malgré les efforts de sensibilisation «les jeunes reconnaissent une utilisation régulière de ces produits, un accès facile pour les acheter et peu d’inquiétude face au risque de dépendance», pointe l’OMS. Elle exhorte donc à recueillir le plus de données possibles parce qu’elle y voit «le moyen le plus puissant de lutter contre l’industrie du tabac et d’élaborer des politiques efficaces qui empêchent l’initiation à la consommation de tabac».

Bien que les taux de tabagisme soient en baisse dans la plupart des pays, l’OMS a averti que les décès liés au tabac devraient rester élevés dans les années à venir. Ses statistiques montrent que le tabagisme tue plus de huit millions de personnes chaque année, dont environ 1,3 million de non-fumeurs exposés à la fumée secondaire. Le temps de latence entre la mise en œuvre de mesures strictes de lutte antitabac et la baisse du nombre de morts du tabagisme est d’une trentaine d’années, souligne le rapport. Il n’y a pas de temps à perdre.