«Il faut instaurer un nouveau rapport au médicament» qui «n’est pas un bien de consommation comme les autres». La franchise sur les boîtes de médicaments payée par les assurés sociaux va «probablement» doubler, mais restera plafonnée à 50 euros au total sur un an et par personne, a indiqué le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, au micro de Sud Radio, ce vendredi 8 septembre.
S’élevant à 50 centimes par boîte de médicaments depuis 2008, cette franchise médicale permet à l’Etat de réduire ses dépenses. Si celle-ci est relativement peu perceptible par l’assuré social qui bénéficie du tiers payant, le gouvernement s’engage tout de même à ne pas toucher au plafond de 50 euros par an pour éviter de pénaliser, par exemple, les personnes en affection longue durée. «On regarde, on continue à travailler, on ne veut pas que des personnes qu’on imaginait préservées soient touchées», a expliqué Aurélien Rousseau.
Les franchises lors des visites chez le médecin également vont augmenter : actuellement à 1 euro, elles passeront «sans doute» à 2 euros, a annoncé le ministre de la Santé, qui participe actuellement à la préparation du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2024, dont la présentation est attendue fin septembre.
Cette mesure s’inscrit dans la recherche des pistes d’économies pour à la fois tenir les engagements européens sur la dépense publique et financer les besoins de l’hôpital et de la médecine de ville.
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Mais un autre enjeu se hisse au centre du débat : les Français consommeraient-ils trop de médicaments ? Invitée le 23 août au micro de France Bleu, la Première ministre, Elisabeth Borne, exprimait la nécessité de «responsabiliser» les Français face à la «quasi-gratuité» des médicaments. La France consomme «plus de médicaments» que ses voisins, a-t-elle fait valoir.
Pourtant, du côté de l’Agence nationale de sécurité du médicament, on observe plutôt une baisse de 8,5 % de la consommation globale en France depuis 2016, même si le pays reste parmi les plus grands consommateurs d’antibiotiques en Europe.
Reste que cette mesure s’inscrit dans un contexte d’inflation, qui est reparti à la hausse en août. Selon Agnès Giannotti, présidente du syndicat de médecins MG France, s’attaquer aux franchises «est totalement inégalitaire» et revient à «faire payer les plus modestes, les plus malades». Si certains sont exonérés – notamment les bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire –, «tous ceux qui sont à peine au-dessus des seuils», déjà frappés par l’inflation, risquent de «renoncer aux soins», avait-elle averti en août.