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La justice saisie après la révélation d’essais sauvages à l’IHU de Marseille de Didier Raoult

Après les révélations de «Mediapart» sur une «expérimentation sauvage contre la tuberculose» au sein de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) de Marseille, l’Agence du médicament (ANSM) lance une inspection et saisit le parquet.
L'IHU de Marseille, dirigé par Didier Raoult, a bien mené des essais cliniques illégaux sur des traitements contre la tuberculose. (Albert Facelly/Libération)
publié le 28 octobre 2021 à 7h41

Les essais – illégaux – ont provoqué des complications médicales graves et un patient a dû être opéré. Après les révélations de Mediapart, l’Agence du médicament (ANSM) a annoncé «diligenter une inspection au sein» de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) de Marseille, dirigé par le controversé Didier Raoult, qui a «continué à délivrer» des traitements contre la tuberculose, sans son autorisation. L’ANSM a également indiqué avoir saisi le procureur de la République pour ces faits confirmés mercredi par l’Assistance publique des hôpitaux de Marseille (AP-HM).

Une combinaison de quatre médicaments jamais validée

Le 22 octobre, Mediapart a révélé que l’IHU menait «une expérimentation sauvage contre la tuberculose, provoquant chez plusieurs patients, dont un mineur, de graves complications» depuis 2017. Selon le site, cette expérimentation utilisait une combinaison de quatre médicaments dont l’efficacité conjointe n’avait jamais été évaluée et était menée malgré le refus de l’ANSM, qui doit donner son aval aux recherches impliquant des êtres humains, en particulier les essais cliniques de médicaments.

L’ANSM a indiqué avoir été «alertée en mai 2021 […] sur de possibles manquements de l’IHU de Marseille» quant à la réglementation de ces essais. «Aux termes de nos premières investigations, nous considérons que certaines études auraient dû être menées conformément à la législation encadrant les recherches impliquant la personne humaine […]. Ceci n’est pas admissible», a indiqué l’autorité.

Un patient opéré après des complications

L’AP-HM, qui a mené une enquête interne rapide face à la «gravité potentielle des faits relatés», a indiqué mercredi qu’un «protocole de recherche sur cette combinaison d’antibiotiques avait bien été déposé». Une porte-parole a précisé à l’AFP que ce protocole avait été déposé en août 2019, mais qu’il avait été retiré un mois plus tard «compte tenu des réserves émises par l’ANSM». Or, «en l’absence d’essai ouvert et malgré les réserves émises par l’ANSM, l’IHU Méditerranée a continué à délivrer ces traitements», a expliqué la porte-parole de l’AP-HM.

L’enquête menée par l’organisme, dont dépend l’IHU, confirme également que «certains» des patients traités contre la tuberculose avec la combinaison d’antibiotiques mise en cause ont été «atteints de complications rénales dont au moins un d’entre eux a nécessité une intervention chirurgicale», a écrit l’AP-HM. Elle explique qu’elle va poursuivre ses investigations, en lien avec les autorités de tutelles compétentes, notamment l’ANSM.

Didier Raoult ne semble pas le moins du monde paniqué par les derniers développements. «Les dernières révélations sont une tempête dans un verre d’eau», a-t-il tweeté lundi. L’IHU et M. Raoult ont rencontré un fort écho médiatique au début de la pandémie de Covid-19, en 2020, en prônant l’hydroxychloroquine comme traitement de la maladie, malgré l’absence d’effet prouvé.