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Libération
Journal d'épidémie

La médecine générale, spécialité malmenée par le court-termisme politique

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Journal d'épidémie, par Christian Lehmanndossier
Christian Lehmann est médecin et écrivain. Pour «Libération», il tient la chronique d’une société longtemps traversée par le coronavirus. Aujourd’hui, retour sur l’effondrement de la médecine générale dû à l’accumulation de décisions politiques à courte vue.
Aurélien Rousseau, ministre de la Santé et de la Prévention, à Paris le 30 octobre 2023. (Xose Bouzas/Hans Lucas. AFP)
publié le 9 novembre 2023 à 15h34

C’était mieux avant. Quand les politiques, confrontés au désarroi ou à la colère de leurs administrés, pouvaient pointer la responsabilité des soignants, infirmiers adeptes de la fraude à la carte vitale, médecins aux 35 heures à fort tropisme balnéaire installés sur la Côte d’Azur, alors que leurs études avaient été payées par le contribuable.

Encore récemment le ministre de la Santé et de la Prévention, Aurélien Rousseau, qui apparemment n’avait pas reçu le brief, s’y est essayé, fustigeant devant un parterre de médecins installés les choix de carrière des jeunes internes lors des épreuves nationales classantes : «Je pense que dans quelques années, on demandera des comptes à certains de vos jeunes confrères… Lorsque la psychiatrie sort en dernier et la chirurgie plastique en premier, je m’interroge.» Rappelons que c’est l’Etat qui décide du nombre de postes attribués chaque année dans chaque spécialité, que les chirurgiens plastiques s’occupent aussi de la chirurgie réparatrice et reconstructrice (cancers, accidents de la route, etc.) et que les futurs jeunes internes ne sont pas responsables de l’état de déshérence de la psychiatrie en France.

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