Dans un texte posthume, Christiane Hessel-Charby revendique, en choisissant le jour et l’heure de sa mort, «un geste de liberté, de conviction, de sérénité» mais aussi «de réaction à l’égard de la pusillanimité de la France au regard de la mort assistée, autorisée dans nombre de pays voisins». C’est donc au-delà de la frontière, en Belgique, que la Française a choisi de mourir, samedi 14 décembre, à l’âge de 96 ans. Ses proches ont annoncé son décès à la presse belge notamment. Christiane Hessel-Charby était la seconde épouse de Stéphane Hessel, rescapé des camps de la mort, grand diplomate et résistant, écrivain toujours révolté. Elle l’avait épousé en 1987, un an après la mort de Vitia Mirkine-Guetzevitch, la première épouse de l’auteur, en 2010, du très populaire manifeste Indignez-vous !
Christiane Hessel-Charby était également une indignée, une militante et une femme de lettres, autrice notamment de Gaza, j’écris ton nom (éditions Indigènes, 2011). La cause palestinienne lui tenait terriblement à cœur et elle était la présidente d’honneur de l’association les Enfants, le jeu, l’éducation, antenne palestinienne de la Voix de l’enfant. Elle connaissait bien Gaza, où elle a effectué de nombreux voyages, et militait pour une solution pacifique pour l’enclave. Il y a trois semaines à peine, elle lançait encore un vibrant appel sur Facebook pour un projet visant à «relancer l’éducation à Gaza». Elle était également à l’origine du livre chorale Stéphane Hessel, irrésistible optimiste, publié aux éditions de l’Aube en 2013, l’année du décès de son époux.
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«La société est en pleine évolution. On vit aujourd’hui trop vieux et mal, au-delà du supportable. Je me sens l’âge de partir, avant d’être un poids pour les autres et la société», a-t-elle écrit pour expliquer son choix. «C’est un droit de disposer de soi-même. Une évolution positive. Plusieurs pays voisins l’ont compris, dans un esprit de progrès et de respect de l’autre. Il s’agit d’une évolution positive et d’un acte de libération», poursuit-elle, en remerciant la Belgique, «qui me permet d’accomplir ce geste et de disposer de ma vie» et les «médecins et amis qui m’accompagnent dans cette quête de liberté». Avant d’ajouter : «C’est un geste de véritable amitié, de tolérance et de conviction». «En France, il existe des militants qui se battent pour qu’enfin la loi évolue. Il en est grand temps – et j’espère que cela se fera dans un esprit de tolérance et de respect», conclut-elle sa courte lettre.