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Abus

La Periactine, antiallergique détourné pour faire grossir les fesses, ne sera plus disponible en libre-service

Alors que l’usage de ce médicament est détourné dans un but esthétique pour prendre du poids, l’agence du médicament a annoncé qu’il ne serait désormais disponible que sur ordonnance.
L'antihistaminique est également détourné par les adeptes de la musculation pour induire une prise de poids à des fins esthétiques. L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de sante (ANSM) donne l'alerte. (Syspeo/SIPA)
publié le 27 juin 2024 à 11h05

Il n’y a pas si longtemps, c’était l’Ozempic qui buzzait pour ses propriétés amincissantes, aujourd’hui c’est la Periactine pour prendre du poids qui fait la Une de l’actualité. Au point que l’agence du médicament, l’ANSM, a annoncé ce jeudi 27 juin que cet antiallergique ne sera plus vendu librement en pharmacie. A compter du 10 juillet, «tout médicament contenant de la cyproheptadine [la molécule, ndlr] ne pourra être dispensé que sur prescription médicale», a annoncé l’agence dans un communiqué.

La cyproheptadine, vendue par le laboratoire Teofarma sous le nom Periactine, est une molécule antiallergique qui favorise une augmentation de l’appétit, un effet vanté sur certains réseaux sociaux dans le but affiché de reproduire la silhouette de personnalités callipyges, comme Kim Kardashian. Certaines stars des réseaux sociaux, à l’instar de Poupette Kenza, ont partagé leur attrait pour ce médicament à leurs abonnés. Sur le réseau social TikTok, Poupette Kenza, influenceuse de 23 ans, avait vanté un effet immédiat : «C’est trois kilos minimum gagnés pour toi, en moins d’un mois. […] Le but c’est de dessiner, une taille marquée pour créer l’illusion d’une silhouette en sablier». Elle est depuis revenue sur ses propos, affirmant qu’elle n’était alors pas aux faits des risques du médicament.

Cette molécule peut en effet causer une série d’effets secondaires, parfois graves, si elle est prise de façon incontrôlée. Dans ce contexte, l’ANSM, qui appelait déjà les professionnels de santé à la vigilance depuis 2022, a donc mis fin à la vente libre de ce traitement. Les ordonnances de cyproheptadine devraient, de fait, être très rares puisque d’autres antiallergiques ont depuis fait leurs preuves avec une meilleure efficacité et moins d’effets secondaires.

Il est jusque-là complexe de se faire une idée de l’ampleur réelle de l’usage détourné de la Periactine car, au-delà des pharmacies, ce traitement est largement vendu en ligne, de manière difficilement contrôlable. «On ne peut pas avoir une estimation chiffrée du mésusage», admet Isabelle Yoldjian, directrice médicale à l’agence, estimant que les quelques cas d’effets indésirables recensés ces dernières années sont probablement en dessous de la réalité.