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Reportage

En Corrèze, deux pharmaciens interdits d’exercer pour avoir délivré des médicaments à l’unité: «notre métier, ce n’est pas pousser à l’achat de boîtes»

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La sanction est temporaire pour Antoine Prioux et Eliza Castagné qui veulent lutter contre les pénuries et les risques liés au surdosage. Bien que cela soit illégal, ils ne se cachent pas et dénoncent une marchandisation de la santé.
Antoine Prioux et Eliza Castagné, pharmaciens, ont été sanctionnés fin avril 2025 pour avoir vendu des médicaments à l’unité, hors cadre légal, dans leurs officines de Bugeat et Sornac, en Corrèze. (Pascal Aimar/Tendance Floue pour Libération)
par Lisa Douard, correspondante dans le Limousin et photos Pascal Aimar. Tendance Floue
publié le 26 mai 2025 à 17h02

En récupérant son traitement au comptoir, Isabelle n’a pas pu s’empêcher de glisser, à demi-voix, quelques mots de soutien à ses deux pharmaciens : «Bravo pour ce que vous faites.» Tout juste installée sur le plateau de Millevaches, cette ancienne soignante a appris qu’Antoine Prioux et Eliza Castagné avaient été sanctionnés, fin avril, pour avoir vendu des médicaments à l’unité, hors cadre légal, dans leurs officines à Bugeat et Sornac (Corrèze).

Six mois d’interdiction d’exercer, dont quatre avec sursis, la sentence interroge. «Cela se fait depuis des années en hôpital, dans d’autres pays aussi. C’est du bon sens, non ? Pour une fois que des médecins ont le courage de faire ça, ils devraient plutôt avoir une médaille», soupire la quinquagénaire.

«On ne se fait pas que des copains»

Tout est parti d’un article publié dans Mediapart, il y a un an. Les deux titulaires racontaient comment, après une pénurie de corticoïdes en 2019, ils se sont mis à délivrer, ponctuellement et sur prescription, le nombre exact de cachets en tension d’approvisionnement ou représentant des risques en cas de surdosage. «Ils expliquent, dans différents journaux, qu’ils facturaient l