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La «santé mentale», une notion à panser collectivement

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Les maux psychiques ne sont pas de simples désordres individuels. Au-delà du terme «santé mentale», il faut penser une «santé sociale».
L.es tentatives de réduire les itinéraires de soin à un parcours normé et essentialisant témoignent d’une profonde méconnaissance de ce que ces souffrances impliquent. (Ugo Padovani /Hans Lucas. AFP)
par Raphaël Gallien, Enseignant en histoire à Sciences-Po, doctorant à Paris-Cité
publié le 10 octobre 2024 à 5h28

A l’occasion des «Rendez-vous de l’histoire», qui se tiennent à Blois du 9 au 13 octobre, les journalistes de Libération invitent une trentaine d’historiens pour porter un autre regard sur l’actualité. Retrouvez ce numéro spécial en kiosque ce jeudi 10 octobre et tous les articles de cette édition dans ce dossier.

Dépression, burn-out, anxiété, pensées suicidaires… De nombreuses enquêtes montrent que la santé mentale des Français continue de se dégrader. Alors que la «journée mondiale de la santé mentale» a lieu ce jeudi 10 octobre et que le Premier ministre, Michel Barnier, vient de l’ériger en «grande cause nationale», il conviendrait de s’interroger d’abord sur ce que cette notion recouvre. Le concept émerge en Occident dès les années 1910, avant de s’imposer dans l’après-Seconde Guerre mondiale. En France, les années 90 marquent une promotion politique, législative et institutionnelle de cette notion. On parle alors moins de «maladies mentales» que de «souffrances existentielles», tandis que l’accent est déjà mis sur la prévention et la transformation de l’individu par lui-même. L’OMS définit ainsi la «santé mentale» comme «un état de bien-être mental qui permet d’affronter les sources de stress de la vie, de réaliser notre potentiel, de bien apprendre et de bien travailler, et de contribuer à la vie de la communauté, […] aspects essentiels du développe