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Précaution

La vaccination contre les méningites élargie à partir du 1er janvier

Face un nombre élevé de cas de ces infections bactériennes gravissimes enregistrés en 2023 et 2024, les règles évoluent en 2025. Pour les moins d’un an, deux vaccins contre toutes les souches seront obligatoires, tandis qu’une dose de rappel sera recommandée pour les adolescents.
Les nouvelles recommandations visent «à mieux protéger les nourrissons contre ces infections graves». (Garo/Phanie. AFP)
publié le 30 décembre 2024 à 14h51

Les alertes des autorités sanitaires ont été entendues : à partir du 1er janvier 2025, la vaccination contre les méningocoques va s’élargir en France, dans un contexte de recrudescence inquiétante des infections par ces bactéries, à l’origine de méningites particulièrement graves. La vaccination a notamment été repensée pour s’adapter à l’évolution des souches bactériennes de méningocoques. Chez les nourrissons, la vaccination contre toutes les souches – A, B, C, W et Y – sera obligatoire, tandis qu’une dose de rappel contre A, C, W et Y sera recommandée pour les adolescents.

Que sont les méningocoques ?

Les méningocoques sont une famille de bactéries qui causent des méningites très dangereuses et contagieuses, principalement chez les enfants et adolescents. C’est loin d’être la seule cause de méningites, un terme générique qui désigne une inflammation des membranes du cerveau ou de la moelle épinière. La majorité du temps, un virus est en cause. Mais les méningites virales sont généralement beaucoup moins graves que les bactériennes.

Ces dernières, qui se manifestent notamment par une forte fièvre et une raideur de la nuque, tuent un patient de manière foudroyante si elles ne sont pas soignées. Et, quand elles le sont, la mortalité reste de 10 %, sans parler de séquelles fréquentes : amputation, troubles cognitifs, surdité… De plus, les méningocoques se transmettent facilement d’une personne à une autre. Ils peuvent donc causer des épidémies, ce qui a justifié le développement de vaccins.

Pourquoi élargir la vaccination ?

Les nouvelles recommandations visent «à mieux protéger les nourrissons contre ces infections graves, en réponse à une recrudescence préoccupante observée ces dernières années», a rappelé en décembre le ministère de la Santé. Cette reprise s’explique par les mesures prises lors de la pandémie de Covid en 2020 et 2021, comme le port du masque. Non seulement les restrictions ont réduit l’exposition de la population aux méningocoques, mais elles ont aussi plombé les statistiques de vaccination.

Selon les derniers chiffres, fournis à l’AFP par le Centre national de référence des méningocoques à l’Institut Pasteur, plus de 500 cas ont déjà été enregistrés entre janvier et novembre 2024, une légère hausse comparée à la même période de 2023. Comme 2023 avait déjà connu un rebond sans précédent, «cela fait de 2024 l’année avec le nombre le plus élevé des cas depuis vingt ans», souligne auprès de l’AFP l’infectiologue Muhamed-Kheir Taha, spécialiste du sujet à Pasteur.

Une autre évolution pousse aussi à accélérer la vaccination : le profil des bactéries impliquées a nettement changé. Les principaux méningocoques sont en effet séparés en grandes familles : A, B, C, W et Y. Pendant longtemps, B et C sont restés largement majoritaires. C’est toujours le cas de B. Mais C est devenu marginal, nettement derrière Y et W, cette dernière étant particulièrement meurtrière. L’essor de ces familles s’est accompagné d’une hausse des formes inhabituelles d’infection (formes abdominales, pneumopathies bactériennes, arthrites…), parfois plus difficiles à diagnostiquer. Jusqu’alors, seules B et C étaient concernées par la vaccination, un choix qui apparaissait de plus en plus anachronique aux spécialistes.

Qu’est-ce qui change au 1er janvier ?

La vaccination va devenir bien plus large, selon le nouveau calendrier effectif à partir du 1er janvier. Chez les nourrissons, la vaccination contre toutes les souches – A, B, C, W et Y – sera obligatoire. Jusqu’à présent, seule la vaccination anti-méningocoques C était obligatoire chez les moins d’un an, tandis que celle contre les méningocoques B n’était que recommandée. Chez les plus âgés, le vaccin C était recommandé jusqu’à 24 ans, seulement si la personne ne l’avait pas reçu comme prévu quand elle avait moins d’un an.

A partir du 1er janvier, une dose de rappel contre A, C, W et Y sera recommandée pour les adolescents entre 11 et 14 ans, même s’ils ont bien reçu ce vaccin au plus jeune âge. Ce rappel ne sera pas obligatoire, mais l’intérêt est que le vaccin sera largement remboursé par l’Assurance maladie. En revanche, le vaccin anti-B restera réservé aux plus petits, la Haute autorité de santé n’ayant pas jugé ses bénéfices suffisants au-delà de l’âge de 2 ans.

Quels vaccins utilisés ?

Un seul vaccin, dit «tétravalent», ciblera A, C, W et Y. Chez les nourrissons, ce sera le Nimenrix de Pfizer, donné en deux doses successives, à 6 et 12 mois. Certains bébés sont actuellement entre deux doses. Même si leur première dose, donnée en 2024, n’était pas le vaccin tétravalent, ce sera bien le cas de la deuxième en 2025.

La deuxième dose peut aussi être donnée avec le vaccin Menquadfi de Sanofi. Chez les plus grands, qui ne recevront qu’une dose de rappel, ce pourra être le Nimenrix, le Menquadfi ou le Menveo de GlaxoSmithKline (GSK). Donné séparément en trois doses successives à 3, 5 puis 12 mois, le vaccin anti-B restera, comme actuellement, le Bexsero de Pfizer.