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Grain à moudre

La vie allongée par le café, selon une nouvelle étude

Une étude publiée mardi établit un lien entre la consommation de café et la diminution des risques de décès prématurés. Un constat à nuancer car largement influencé par le mode de vie des consommateurs.
Selon les résultats de l'étude, quelqu'un qui boit 2,5 à 4,5 tasses de café par jour aurait 29% de moins de risques de mourir dans les prochaines années. (Riccardo Milani/Hans Lucas via AFP)
publié le 2 juin 2022 à 17h48

Boire du café éviterait de mourir prématurément. La conclusion d’une étude chinoise, publiée le 31 mai dans la revue Annals of Internal Medicine, a de quoi revigorer les amateurs d’arabica et de robusta. D’après elle, une personne qui consomme entre 2,5 et 4,5 tasses de café par jour aurait 29% de moins de risques de mourir dans les prochaines années.

Pour arriver à ce constat, dix chercheurs chinois se sont appuyés sur la base de données de la Biobank britannique, qui regroupe les informations de plus de 500 000 personnes. Parmi elles, 171 616 participants sans maladie cardiovasculaire ou cancer ont été isolés et suivis, en moyenne pendant sept ans, entre 2009 et 2018.

«Effets sur la diminution du diabète»

En utilisant les données des certificats de décès, les chercheurs ont constaté que 3 177 personnes étaient mortes pendant l’enquête. Et tout en prenant en compte d’autres facteurs tels que l’âge, le sexe, l’activité physique ou encore le tabagisme, ils ont conclu que les buveurs de cafés sont moins exposés à des morts prématurées que les non-buveurs.

Pour Faïza Bossy, nutritionniste, ces résultats sont cohérents. «La caféine agit sur des enzymes impliquées dans la régulation de la l’activité du foie, un secteur très important, et a donc des effets sur la diminution du diabète, or on sait que le diabète diminue la durée de vie», explique à Libération la médecin. En parallèle, d’autres molécules antioxydantes et anti-inflammatoires contenues dans le café ont un effet protecteur sur la paroi des vaisseaux, notamment cardiaques, et ont donc un rôle dans la prévention des maladies cardiovasculaires.

Mais trop consommée, la boisson peut se révéler dangereuse. Au-delà de six tasses par jour, le consommateur s’expose à un risque accru de démence, prévenait l’année dernière une enquête de l’Australian Centre for Precision Health, qui s’appuyait elle aussi sur les données de la Biobank britannique.

«Le niveau de preuve est forcément plus bas»

Plusieurs scientifiques soulignent néanmoins les limites de l’enquête, critiquant notamment la méthode utilisée par les chercheurs. «La nature observationnelle de cette nouvelle étude signifie que ces conclusions sont loin d’être définitives», expliquait un professeur de médecine britannique au Guardian.

Pour Sandra Wagner, épidémiologiste nutritionnelle au CHRU de Nancy, le principal biais repose sur l’absence de contrôle sur la situation étudiée : «Ce n’est pas un essai clinique, donc d’autres facteurs peuvent se glisser dans le résultats. Le niveau de preuve est forcément plus bas», assure l’épidémiologiste. Parmi ces facteurs, le niveau de vie des buveurs de café pourrait entrer compte, puisque d’après l’Insee, le café est surtout plébiscité par les ménages les plus aisés, alors que les plus modestes s’en détournent.