Les Etats sont-ils condamnés à subir les méthodes musclées des laboratoires jusqu’au KO ? Depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Elysée en 2017, le chiffre d’affaires des labos sur les médicaments remboursés par l’Etat a flambé de plus de 16 %. Interrogé sur les mesures portées par le gouvernement pour limiter les dépenses en médicaments, le ministère de la Santé n’a pas donné suite aux demandes de Libération. Aux Etats-Unis, le président démocrate, Joe Biden, lui, est monté sur le ring pour affronter cette puissante industrie. De l’autre côté de l’Atlantique, des personnes diabétiques ne parviennent même plus à se payer un médicament vital pour elles, l’insuline.
Alors en 2022, Joe Biden lance un premier uppercut via son «Reduction Inflation Act» : il réussit à faire baisser le prix du traitement de 70 % à 80 %. Puis un deuxième, fin août 2023 : il impose des pourparlers drastiques sur les prix avec les producteurs de dix remèdes poids lourds des dépenses américaines ; en l’occurrence, du programme de santé Medicare. Dans cette liste, s’affichent le troisième et le dixième de notre top 10, des anticoagulants très courants destinés à prévenir les risques cardiovasculaires… Pour toucher le plus grand nombre, l’inventaire de Joe Biden vise surtout les médicaments qui soignent des maladies chroniques comme le diabète.
Six puissants laboratoires dans le viseur de l’administration Biden contre-attaquent en lançant des poursuites contre le ministère de la Santé. Le 29 septembre, une première décision de justice a rejeté leur argument selon lequel le gouvernement violerait la Constitution en les forçant à accepter des prix injustement bas qui étoufferaient l’innovation. Problème : ces firmes pourraient être tentées de se rattraper sur le Vieux Continent, moins vindicatif. Elles «vont probablement attendre des pays européens des accès plus rapides, des prix plus élevés et sans doute être moins enclins à prendre des risques sur certaines stratégies d’accès pour au contraire sécuriser un retour rapide», présage un rapport rendu à Elisabeth Borne le 29 août.