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Libération
Reconversion

L’ex-ministre de la Santé Olivier Véran, neurologue de formation, bientôt médecin esthétique

L’ancien porte-parole du gouvernement va reprendre des études pour se former à la médecine esthétique, suscitant l’indignation au sein du milieu médical, qui rappelle notamment le manque cruel de neurologues en France.
Olivier Véran à l'Assemblée nationale, alors ministre de la Santé, en avril 2020. (Niviere David/ABACA)
publié le 19 mars 2024 à 15h12
(mis à jour le 19 mars 2024 à 16h01)

Une reconversion atypique (et lucrative) pour un ancien membre du gouvernement. L’ex-ministre de la Santé Olivier Véran, neurologue de formation, va se tourner vers la médecine esthétique qu’il exercera un jour par semaine, mais est «loin d’avoir quitté la politique», a-t-il affirmé ce mardi 19 mars à l’AFP, confirmant une information du quotidien le Figaro. Olivier Véran, qui a repris son mandat de député après avoir quitté le gouvernement lors du remaniement de janvier, exercera à la Clinique des Champs-Elysées particulièrement prisée des influenceurs et s’est inscrit à la faculté de Créteil pour se former. Son dernier portefeuille ministériel était celui de porte-parole du gouvernement.

«Il m’a paru extrêmement compliqué de reprendre la neurologie au CHU, d’une part parce que la discipline a très fortement évolué sur le plan thérapeutique […], et deux, je me suis très vite rendu compte en discutant notamment avec quelques patients que l’étiquette de ministre que j’ai sur le front perturbait la relation thérapeutique» vis-à-vis d’eux, a-t-il dit à l’AFP. Un argument qui n’a pas vraiment convaincu le député LFI François Ruffin. «“Aider les gens”... du VIIIe arrondissement. Olivier Véran fuit la neurologie et l’hôpital public pour la chirurgie esthétique et la clinique privée des Champs-Elysées. Un désert médical pour stars et influenceurs, entre la Tour Eiffel et l’Arc de Triomphe... », grince-t-il sur les réseaux sociaux.

«Scandaleux»

La reconversion de l’ancien ministre de la Santé n’a pas manqué de faire réagir le milieu médical. «Quand on est neurologue, qu’il manque des neurologues […], quand on connaît la crise sanitaire que l’on vit, avec des patients qui mettent des mois pour obtenir des rendez-vous, que ces choses-là sont les conséquences des politiques qu’a menées Monsieur Véran, on a quand même le courage de rester dans son métier», a tancé sur RMC le président du syndicat de médecins UFML, Jérôme Marty. «Evidemment, ce n’est pas pour faire de l’argent. Sans doute Olivier Véran ira exercer ce métier-là à l’hôpital et en fera profiter des indigents en travaillant en secteur 1 [sans dépassements d’honoraires] ou en étant salarié», a ironisé le syndicaliste.


«Scandaleux ! a également fustigé réagi sur X le porte-parole de l’association des médecins urgentistes de France, Christophe Prudhomme. Plutôt que de se former à la médecine esthétique, Véran aurait pu utiliser le même temps pour se remettre à niveau dans sa spécialité.» Pour le médecin et sénateur socialiste Bernard Jomier, toujours sur X, «un ancien ministre ne peut plus être totalement libre de ses choix. Passer de la neurologie à la médecine esthétique a un sens, celui d’un choix financier. Quel message désastreux».

«Guide du Routard des villes RN»

Selon lui, «c’est 15 % de la population adulte française qui a recours à des soins de médecine esthétique et c’est quelque chose qui ne doit pas être dénigré». «Il y a quand même un pourcentage de Français très important qui souffrent», que ce soit en raison d’une «cicatrice sur le visage», d’un «vieillissement accéléré lié à la ménopause» ou d’une «calvitie précoce», illustre-t-il.

Le député de l’Isère, qui siège au groupe Renaissance, confie par ailleurs intégrer à titre bénévole deux associations, «une qui permet de faire de l’autodéfense pour les femmes (Ladies System Defense) et une autre, RoseUp, qui accompagne des femmes qui ont eu le cancer du sein […] dans la réhabilitation post-cancer». Mais il «reste député» et est loin «d’avoir quitté la politique», assure-t-il. Il réfléchit ainsi à «faire un «guide du Routard» des villes RN», après s’être rendu dans plusieurs villes où l’extrême droite est très forte ou dirigées par ses représentants. «Il faut réexpliquer le programme, les idées, la dangerosité que représente l’extrême droite», dit-il.

Mise à jour à 15 heures 35 avec des réactions du milieu médical.