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Libération
Journal d'un système de santé en crise

L’arrêt maladie, un sujet tabou

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Journal d'épidémie, par Christian Lehmanndossier
Christian Lehmann est médecin et écrivain. Pour «Libération», il tient la chronique d’une société touchée par les crises sanitaires et du service public. Aujourd’hui, les arrêts de travail, que les organisations patronales dénoncent régulièrement au nom d’un soi-disant «bien-commun».
Chaque jour, les médecins sont confrontés à des patients qui refusent un arrêt court justifié parce qu’ils ne peuvent pas se permettre de perdre leur salaire. ( Jean-Marc Barrere/Hans Lucas. AFP)
publié le 10 octobre 2024 à 11h03

Les arrêts de travail, c’est le patronat qui en parle le mieux depuis leur création. A la sortie de la Seconde Guerre mondiale, le Conseil national de la Résistance avait créé dans la France exsangue un système de protection sociale qui, rapidement, vexa les patrons. «La Sécurité sociale est devenue pour l’économie une charge considérable. Les salariés ont profité de traitements dont ils n’avaient peut-être pas un besoin certain, la moindre maladie a été le prétexte de repos. L’absentéisme s’est développé», se plaignait la chambre de commerce de Paris dès 1948.

En 2002, dans une tribune du Figaro sobrement intitulée : «Les nouveaux profiteurs de l’emploi», Sophie de Menthon, présidente du mouvement patronal Ethic et inventrice du concept «J’aime ma boîte», se lamentait : «L’arrêt maladie : un sujet tabou… La moindre réserve sur sa longueur ou sa fréquence est inenvisageable… Ne pourrait-on faire appel au sens civique des médecins et à leur courage pour refuser ou raccourcir les arrêts de travail en faisant preuve de moins de complaisance ?» Dans le bréviaire du Medef, le salarié est par nature feignant et abuseur, le médecin laxiste et complice.

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