Elle parle d’un «cancer pepouze». Une maladie qui fait «partie de la vie» et qui est «très bien prise en charge par la médecine». Dans une interview accordée au magazine GQ, la comédienne Laura Felpin, âgée de 35 ans, confie être atteinte d’un cancer de la thyroïde. Son diagnostic a été posé en février dernier, peu avant l’avant-première de Bref saison 2. L’actrice précise alors qu’elle devra prochainement se faire retirer cette glande située à la base du cou, et suivre un traitement médicamenteux à vie. Livia Lamartina, médecin à l’institut Gustave Roussy et spécialiste des cancers de la thyroïde, explique que ce type de cancer est «devenu le deuxième cancer le plus fréquent chez les jeunes adultes», mais une opération permet de le soigner dans la grande majorité des cas.
Qu’est-ce qu’un cancer thyroïdien ?
Il s’agit d’une masse cancéreuse qui va venir se développer au niveau de thyroïde, une glande située à la base du cou. Cette glande sert à fabriquer des hormones qui règlent la vitesse du métabolisme de notre organisme et régulent toute notre machinerie interne. Si on en manque, tout ralentit : notre corps se fatigue, notre système intestinal fonctionne moins bien. Et au contraire, si on en a trop, notre organisme s’accélère : accélération du rythme cardiaque, du système nerveux, et perte de poids.
Les cancers de la thyroïde – considérés comme plutôt rares – sont des types de cancers dits «émergents». Leur fréquence augmente au fil du temps, notamment en raison de l’augmentation des dépistages. Il y a ainsi environ 10 000 nouveaux cas en France chaque année. Le cancer thyroïdien est alors devenu le deuxième type de cancer le plus fréquent chez les jeunes adultes. Cette maladie touche aussi davantage les femmes, notamment en raison de facteurs hormonaux et d’un meilleur dépistage.
Reportage
Quels sont les symptômes du cancer de la thyroïde ?
Dans la plupart des cas, ils sont asymptomatiques. Les patients découvrent leur maladie par hasard, lors d’une consultation de routine chez leur médecin généraliste, ou après avoir ressenti une petite boule au niveau du cou. Dans de rares cas, la masse au niveau de la glande grossit au point de devenir dérangeante. Le patient peut alors avoir une sensation de corps étranger. Plus rarement, cela altère la déglutition ou le son de la voix. Mais ces symptômes n’arrivent pas du jour au lendemain, ils se développent sur une longue période.
Ce cancer n’impacte donc pas directement le fonctionnement normal de la thyroïde. Sa présence ne se perçoit pas sur les bilans biologiques. Mais si on ne fait rien, alors très doucement, sur une période qui peut durer des années, les cellules cancéreuses peuvent se répandre dans l’organisme et aller au-delà de la thyroïde. Sur le larynx ou la trachée par exemple. Ainsi, plus la tumeur mère dans la thyroïde est grande, alors plus le risque de propagation des métastases est élevé. C’est pour cela que l’on préfère opérer au plus vite.
Est-ce que les cancers de la thyroïde sont dangereux ?
Non, le pronostic vital est très rarement en jeu. Le taux de survie [cinq ans après le diagnostic] est d’environ 95 %. Et dans plus de 90 % des cas, ces cancers guérissent totalement après une simple chirurgie, au cours de laquelle on retire au minimum la moitié de la thyroïde, ou la glande dans sa totalité. Il n’est en effet pas possible de retirer la masse cancéreuse seulement, car la glande est de très petite taille. Et dans le cas d’une ablation totale, le patient devient alors dépendant d’un traitement thyroïdien à vie. Il s’agit d’un traitement de substitution indispensable permettant de synthétiser les mêmes hormones que ceux produits par la thyroïde, devenue inopérante.
L’opération arrive donc, dans la plupart des cas, à traiter la tumeur et à être curative. Mais plus rarement, pour les formes les plus agressives et persistantes, il est possible de rajouter un traitement avec des iodes radioactifs. Ces formes «réfractaires», plus difficiles à traiter, ne concernent qu’une minorité de patients.