C’est une drogue en vente libre. «Gaz hilarant» : derrière cette appellation bon enfant se cache un fléau. La consommation de protoxyde d’azote ne fait qu’augmenter depuis trois ans – encore un dommage collatéral du confinement. Il ne s’agit plus de petites cartouches mais de véritables bonbonnes pouvant aller jusqu’à 15 kilos, en vente quasi libre, dans des épiceries, des supermarchés ou sur Internet. Sur les bords des autoroutes, on peut en trouver des tonnes, vidées de leur contenu, jetées nonchalamment des voitures. Les tragédies qui découlent de cet usage sont presque insoupçonnées. Pourtant, le protoxyde d’azote tue. Il détruit le cerveau, paralyse les corps, provoque des accidents de la route. Les premières victimes sont les adolescents et jeunes adultes.
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Même si depuis 2021, la vente est interdite aux mineurs et dans les débits de boissons et de tabac, force est de constater qu’il circule très librement auprès des jeunes. Au point que le sujet, devenu enjeu de santé publique majeur reconnu, fait l’objet de deux propositions de loi concurrentes. L’une d’entre elles préconise tout simplement son interdiction complète, l’autre un renforcement de la lutte contre les usages détournés. Le produit paraît pourtant difficile à interdire, car il sert aux boulangers, aux hôpitaux, aux horlogers, mais aussi aux particuliers pour faire de la chantilly. «Si on a un contrôle de police, il ne se passe rien», le protoxyde d’azote étant indétectable dans le sang, témoignent les jeunes interrogés par Libération. Il y a certainement quelque chose à renforcer de ce côté-là, quand la consommation d’autres drogues est bien plus sévèrement réprimée. Avant que la loi soit à la hauteur du problème, il faut tenter de prévenir, et faciliter une prise de conscience à grande échelle.