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Libération
Collimateur

Le gouvernement veut restreindre les soins pris en charge par l’AME pour les étrangers sans papiers, selon des projets de décrets

Deux textes soumis à la Caisse nationale de l’Assurance maladie, consultés par l’AFP, entendent rogner cette aide qui permet aux étrangers en situation irrégulière et à revenus très faibles d’avoir une couverture à 100 % pour leurs soins médicaux.
(Garo/Phanie. AFP)
publié le 2 septembre 2025 à 21h52

C’est l’un des dispositifs les plus ciblés par la droite et l’extrême droite. L’exécutif envisage de revoir les conditions d’accès à l’Aide médicale d’Etat (AME) et réduire la liste des soins de santé pris en charge par ce dispositif destiné aux personnes étrangères en situation irrégulière, selon des projets de décrets consultés par l’AFP.

L’un des deux textes soumis aux instances de la Caisse nationale de l’assurance-maladie, obtenu par l’AFP, exclut notamment de l’AME «des actes qui ne sont pas destinés directement au traitement ou à la prévention d’une maladie, pour les bénéficiaires majeurs».

Il «élargit la liste des prestations programmées et non urgentes dont la prise en charge est soumise à un délai d’ancienneté» dans le dispositif «pour les adultes» et il modifie l’appréciation des ressources des bénéficiaires.

Moins d’une semaine avant le périlleux vote de confiance demandé par François Bayrou à l’Assemblée nationale, le gouvernement se positionne ainsi sur un thème cher autant au Rassemblement national qu’au ministre de l’Intérieur, le chef des LR, Bruno Retailleau.

L’Aide médicale d’Etat (AME) permet aux étrangers en situation irrégulière et à revenus très faibles d’avoir une couverture à 100 % pour leurs soins médicaux. Si elle est dans le collimateur de l’extrême droite et de la droite, le monde de la santé la défend fermement au nom de la santé publique.

«On s’attaque aux immigrés»

En 2024, l’AME a représenté une dépense de 1,2 milliard d’euros par l’Etat, ce qui représente environ 0,5 % des dépenses de santé prévues par le budget de la Sécu (PLFSS).

Dans le détail, selon les projets de décrets, le gouvernement souhaite ajouter les «actes de rééducation réalisés en balnéothérapie» à la liste des actes exclus de l’AME. Cette liste comprend à ce jour les cures thermales, des actes liées à l’assistance médicale à la procréation et certains médicaments. Concernant les «prestations programmées et non urgentes» concernant les adultes, davantage de soins verraient leur prise en charge conditionnée par un délai d’ancienneté.

Le second décret vise à une révision des pièces justificatives constituant le dossier de demande d’Aide médicale de l’Etat. Il «actualise la liste des pièces à joindre», «en tenant compte en particulier des contrôles mis en œuvre par les caisses primaires d’assurance maladie» sur l’accès au dispositif.

«Après s’en être pris aux chômeurs, aux malades, on s’attaque aux immigrés», a fustigé Dominique Corona, secrétaire général adjoint de l’Unsa, membre du conseil d’administration de la Cnam. Selon lui, la Cnam doit donner son avis en commission mardi prochain mais les syndicats, opposés à ces décrets, veulent qu’ils soient examinés en conseil d’administration deux jours plus tard. Contacté par l’AFP, le ministère de la Santé n’a pas commenté dans l’immédiat.