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Analyse

Le procès Mediator, un placebo des dérives de la politique du médicament

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Mediator, le procèsdossier
La responsabilité massive du laboratoire Servier a occulté les autres chapitres de ce scandale, qui n’aura finalement pas modifié les liens entre les pouvoirs publics et les industriels du médicament.
Irène Frachon, lanceuse d’alerte et Gérard Bapt, député, au délibéré du procès du Mediator et des laboratoires Servier, au Tribunal judiciaire de Paris, le 29 mars 2021. (Marc Chaumeil/Libération)
publié le 29 mars 2021 à 18h10

Servier, le coupable parfait ? Le laboratoire a eu un rôle décisif, essentiel, dans l’affaire du Mediator. Selon l’accusation, et selon le jugement rendu ce lundi par le tribunal correctionnel de Paris, pendant des dizaines d’années ce laboratoire a donc caché, conçu, développé puis maintenu un médicament en occultant sciemment ses propriétés anorexigènes, et donc dangereuses pour la santé. Rarement dans l’histoire des médicaments un industriel n’a mené aussi consciemment et aussi longtemps une action aussi délictueuse.

De fait, ce fut la grande révélation du rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), en 2011, coordonné par Aquilino Morelle. Retraçant toutes les étapes de cette molécule, ce travail a décortiqué avec minutie la stratégie d’une escroquerie délibérée de Servier pour s’installer sur le marché de l’obésité. Et cette grille d’analyse s’est imposée ensuite durant l’instruction judiciaire, puis durant toute la phase d’indemnisation des quelque 6 000 victimes du Mediator, et enfin durant ce long procès débuté en septembre 2019. Sous l’impulsion du Dr Irène Frachon qui, après avoir révélé le scandale (1), n’a jamais stoppé son combat pour une reconnaissance et une indemnisation juste des victimes, Servier n’a pas changé. Montrant un visage, ces dix dernières années, de mépris et d’agressivité, faisant tout pour ainsi retarder les dossiers des victimes, bien au-delà d’une défense légitime.

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