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Libération
Journal d'épidémie

Le transport sanitaire partagé, une nouvelle mise en danger du patient

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Journal d'épidémie, par Christian Lehmanndossier
Christian Lehmann est médecin et écrivain. Pour «Libération», il tient la chronique d’une société marquée par la crise du système de santé. Il dénonce les politiques comptables et les coups portés à la médecine générale.
Le transport sanitaire partagé met en place l’obligation pour le patient d’accepter d’être covoituré dans une ambulance ou un taxi dans lequel, en sus du chauffeur, pourront s’entasser jusqu’à trois personnes. (BSIP/Getty Images)
publié le 11 mai 2024 à 12h19

C’est une énième mesure adoptée par le Parlement à l’automne dernier lors du vote de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2024 : le partage des transports sanitaires, dans le but apparemment louable de diminuer les dépenses de santé. Le projet de décret a fuité au début du mois, provoquant l’inquiétude des associations de patients, et plus particulièrement de celles représentant des malades dont l’état de santé les amène à utiliser régulièrement ces transports sanitaires : ambulances, véhicules sanitaires légers, taxis conventionnés.

Ce transport sanitaire partagé met donc en place l’obligation pour le patient d’accepter d’être covoituré dans une ambulance ou un taxi dans lequel, en sus du chauffeur, pourront s’entasser jusqu’à trois personnes. Un détour de dix kilomètres par passager sera considéré comme acceptable, dans la limite d’un détour total de trente kilomètres à l’aller et trente kilomètres au retour. Pour les malades qui se rendent en dialyse pendant plusieurs heures trois fois par semaine, pour les patients en chimiothérapie, cette mesure comptable s’apparente à de la maltraitance, et à une mise en danger. On sait la dégradation du système de santé, les délais d’attente, le manque de personnel. Les séances de dialys