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Les aliments ultra-transformés surreprésentés dans les produits pour enfants, alerte «60 Millions de consommateurs»

Dans un numéro spécial paru ce jeudi 11 septembre, le magazine a analysé 43 produits, dont certains destinés aux tout-petits : 35 faisaient partie de cette catégorie d’aliments, dont de plus en plus d’études pointent les effets néfastes sur la santé.

En analysant une quarantaine de produits vendus en supermarché destinés aux enfants, l'association a retrouvé des marqueurs d'ultra-transformation jusque dans des aliments pour bébés. (P Deliss/Getty Images)
Publié le 11/09/2025 à 14h38

Paquets de céréales, biscuits, yaourts aromatisés, compotes, nuggets… Jetez un œil dans le chariot, ouvrez les placards et le frigo d’une famille, vous trouverez très certainement plusieurs emballages colorés voire ornés d’un personnage cartoonesque censé attirer l’œil des enfants – et de leurs parents. La plupart sont probablement des aliments ultra-transformés (AUT). Dans son numéro sorti ce jeudi 11 septembre, le magazine 60 millions de consommateurs alerte sur leur omniprésence dans la nourriture destinée aux enfants. Sur 43 produits analysés par l’association, 35 sont des AUT.

En passant au crible la quarantaine de produits, l’organisme de défense des consommateurs en a retrouvé jusque dans des aliments destinés aux bébés. Blédidej céréales, des briques de lait à boire vendus pour les petits dès 6 mois contient par exemple sept ingrédients «typiques de l’ultra-transformation» ; Mon 1er Petit Beurre pépites de chocolat, de la même marque (Blédina), en comporte quatre. Les plus grands ne sont pas en reste, avec des BN à la fraise qui en cumulent sept, presque rattrapés par les six ingrédients des desserts Flanby.

Traquer les étiquettes

«Dotés de visuels rassurants (épi de blé, ourson…), nombre de ces produits donnent l’illusion d’être sains. C’est loin d’être le cas», pointe le magazine. Et pour cause, pour reconnaître un produit ultra-transformé, un petit tour au dos du paquet s’impose. Les «marqueurs» de l’ultra-transformation sont tous les ingrédients qu’on ne peut pas retrouver dans ses placards, puisqu’ils sont issus de procédés industriels difficilement reproductibles chez soi. C’est le cas des arômes, émulsifiants, sirop de glucose, dérivés d’aliments comme les fibres de betterave, et autres additifs.

Le problème de ces produits n’est pas tant qu’on ne puisse pas les reproduire à l’identique chez soi. Mais depuis plusieurs années, de nombreuses études s’accumulent sur leurs effets néfastes pour la santé. Déjà parce que beaucoup d’entre eux ne sont pas nutritionnellement intéressants : trop salés, sucrés ou gras, pas assez riches en fibres et en vitamines (pour ceux qui en disposent, leur Nutri-Score est plus souvent affublé d’un D voire d’un E).

Ensuite parce que le procédé de fabrication en lui-même semble avoir une incidence sur la manière dont notre organisme va assimiler les nutriments. Leur altération liée au processus de fabrication «a un impact sur la mastication, la satiété et la rapidité avec laquelle le taux de sucre va augmenter dans le sang… Cela dérégule la prise alimentaire», explique Antony Fadet, interrogé par 60 Millions de consommateurs. Quand on se nourrit avec ces aliments, on en mange généralement plus. Donc l’apport calorique du repas augmente… et avec lui le risque de surpoids et d’obésité. Dans un contexte où cette dernière grimpe en flèche chez les enfants du monde entier, au point de dépasser la sous-nutrition.

Comme le rappelle l’Inserm, de nombreux travaux scientifiques suggèrent aussi que se nourrir régulièrement avec des ultra-transformés est associé à un plus grand risque de développer des troubles métaboliques (diabète, hypertension…), des cancers, même des symptômes dépressifs. Les mécanismes en cause doivent encore être mieux identifiés.

Une étude publiée cet été, dans Cell Metabolism, a par ailleurs mis en évidence que, à calorie identique et en mangeant sans excès, un régime fait de produits ultra-transformés entraîne une prise de poids et une hausse d’un indicateur du risque cardiovasculaires. Des changements hormonaux ont aussi été observés, liés au métabolisme et la fertilité masculine. Conclusion : la nature ultra-transformée de ces aliments (et pas seulement leur apport énergétique) semble aussi avoir sa part de responsabilité dans leurs effets néfastes.

Habitudes alimentaires

Pour l’heure, les études ont surtout été menées chez les adultes. Quand ils sont consommés chez les petits, ils posent un autre problème : plus les enfants sont habitués à manger ces aliments en grandissant, plus ils risquent de les préférer aux produits «bruts» (fruits et légumes notamment) et de continuer à les privilégier dans leur alimentation en étant adultes. Les industriels le savent bien, en s’arrangeant pour rendre leurs aliments plus appétissants visuellement.

Partis de ce constat, comment faire pour nourrir correctement ses enfants ? Certes, le «fait maison» est meilleur. Mais pas de panique ou de pression qui ferait flamber une charge mentale déjà bien présente dans les ménages. Bien sûr, il vaut mieux privilégier les aliments bruts, ou avec une petite liste d’ingrédients. Limiter les biscuits industriels au goûter ou au petit dej, les desserts avec des arômes (même de fruits), les boissons sucrées… Sans les bannir définitivement et virer à l’angoisse pour autant. Consciente de l’enjeu, Santé publique France a justement mis au point un site dédié (manger-bouger.fr), où sont rappelées les recommandations nutritionnelles et des idées de repas simples.