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Libération
Chronique «Aux petits soins»

Les chiffres confus des erreurs médicales

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Le calcul de 2385 «événements indésirables graves associés aux soins» en 2022 a été rendu public par la Haute Autorité de santé, sans que l’on sache vraiment à quelle réalité il renvoie.
Au CHU d'Orléans, en septembre 2023. (Cyril Zannettacci/Vu pour Libération)
publié le 28 novembre 2023 à 7h02

Les autorités sanitaires adorent donner des chiffres. Lundi 20 novembre, par exemple, à l’occasion de la semaine de la sécurité des patients, la Haute Autorité de santé (HAS) a publié le sixième bilan annuel des événements indésirables graves associés aux soins (EIGS).

Des chiffres donc. Et en pagaille. Ainsi, on apprend que le nombre de déclarations des dits EIGS a augmenté de 27 % entre 2021 et 2022, qu’il y en a eu 2 385 en 2022, contre 1 874 pour l’année 2021. Et c’est, aux yeux de la HAS, une bonne nouvelle, car cela montrerait que les lieux de soins déclarent de plus en plus ces événements indésirables qui jalonnent les parcours thérapeutiques : erreurs de dosage, prises en charge tardives, diagnostics erronés, voire malentendus sur les patients et autres bêtises cliniques. Selon la HAS, «si le nombre de déclarations d’EIGS augmente par rapport au précédent bilan, cela reste très en deçà du nombre réel d’EIGS survenant en France». Que comprendre alors ? Trop ou pas assez ? Est-ce que cela va mieux ou moins mal ? En tout cas, voilà un chiffre, rendu très médiatiquement public, sans que l’on sache vraiment à quelle réalité il renvoie.

«Craintes de plaintes judiciaires»

Reprenons, en fait, le cours de ces déclarations. D’abord, il ne faut pas mélanger les EIGS et les effets indésirables. «Le premier renvoie à des erreurs dans les soins», nou