Le programme était celui d’une énième journée de vacances. Une matinée à flotter dans la piscine, une soirée à flâner entre les manèges. Avant que son mal de ventre ne change la donne. En ce matin de juillet, Nathalie Pouille a traîné son mal de ventre jusqu’à la salle d’attente d’un généraliste : «Huit personnes attendaient devant moi», se désole la touriste haut-savoyarde de 51 ans. Les pompiers l’ont finalement transportée aux urgences de Saint-Tropez (Var). Face à l’affluence touristique, la médecine de ville ne parvient pas à absorber l’ensemble de la patientèle additionnelle. C’est l’hôpital qui fait tampon. Il comptabilise 120 passages par jour en moyenne l’été contre seulement 40 l’hiver. Sans le savoir, Nathalie Pouille est partie en vacances dans un désert médical estival.
Journal d'un système de santé en crise
«Il ne manque pas de médecins en période hivernale. Mais en haute-saison, la population est multipliée par quatre ou cinq. En face, les médecins ne prennent pas de vacances et travaillent davantage. Mais leur nombre n’est pas multiplié par quatre ou cinq, note le chef de service des urgences du centre hospitalier de Saint-Tropez, Dr Philippe Garitaine. Le différentiel entre les patients et les soignants est tel qu’on se retrouve à être le phare dans la nuit.» Les soirées tropéziennes sont agitées. Avec son stéthoscope jaune fluo assorti à sa montre et ses baskets, Philippe Garitaine traite «des intoxications [à la drogue et à l’alcool], de la traumatologie, de l’accidentolo