Julia (1) est tombée de haut en ouvrant son courrier samedi dernier. La jeune auxiliaire de vie, 25 ans, doit se faire dépister pour l’hépatite B et C et le VIH après les négligences de son dentiste sur le plan hygiénique. Comme elle, 1 500 patients du cabinet situé au 5, rue Charles Poulain à Ouistreham – petite station balnéaire en périphérie de Caen – sont appelés à se faire tester par l’agence régionale de santé de Normandie (ARS). L’établissement dentaire est provisoirement fermé et le chirurgien-dentiste est suspendu pour une durée maximale de cinq mois, à titre conservatoire, et «dans l’attente d’une décision disciplinaire ordinale», selon un communiqué publié lundi 24 février. L’ARS a également porté plainte contre le praticien, selon l’ordre des chirurgies dentistes du Calvados.
L’autorité a reçu un signalement assurant «sans équivoque que les conditions d’asepsie et d’hygiène présentes sur place étaient incompatibles avec l’exercice de la profession». Si le risque infectieux est «faible» selon l’ARS Normandie, la patientèle examinée par ce praticien trois ans avant l’inspection doit néanmoins se faire tester.
C’est le cas de Julia, qui a consulté ce dentiste une quinzaine de fois depuis février 2024. «J’avais une rage de dents avec un besoin de dévitaliser. Il me fallait absolument un rendez-vous et c’était le seul à proximité qui prenait les urgences aussi vite», se rappelle la jeune femme. «Il me disait qu’il fallait quatre à cinq rendez-vous pour dévitaliser mes deux dents, mais un autre dentiste, que j’ai consulté bien plus tard, m’a dit que c’était faux. La dernière fois que je l’ai consulté, c’était un peu avant l’été 2024. Il devait finir mes soins. Mais après ça, j’ai continué à avoir super mal, alors je me suis rendue à un autre cabinet où on m’a expliqué que ma dent n’avait pas vraiment été dévitalisée», raconte Julia.
Inégalités territoriales
«J’ai d’abord été très surprise en lisant la lettre de l’ARS», se remémore la patiente. «C’était un peu douteux et les outils faisaient peine à voir, ça faisait vieillot. Mais la salle me semblait propre. Le cabinet lui aussi était d’un autre temps, en plus de ressembler à un appartement. La salle d’attente donnait l’impression d’une salle à manger», se souvient-elle. Julia décrit son praticien comme un homme gentil : «Il met à l’aise et explique les choses.»
Rendez-vous chez son médecin traitant
Si la jeune femme est inquiète en attendant son dépistage, elle confie n’avoir, pour le moment, aucun ressentiment à l’égard de son ancien dentiste. «Je ne suis pas rancunière, à partir du moment où les tests ressortent négatifs… Je ne l’ai appris qu’il y a quelques jours donc je ne me projette pas du tout», souffle-t-elle.
Les patients concernés ont été informés par courrier recommandé ou mail par le cabinet dentaire et sont appelés à consulter leur médecin traitant. Celui-ci fera alors une prescription pour réaliser ces tests de dépistages des virus des hépatites B et C et du VIH. Des virus «identifiés à risque de transmission lors d’actes dentaires avec un défaut d’hygiène», précise l’ARS. Les laboratoires d’analyses, un certain nombre de personnels médical tels que des médecins traitants et chirurgiens-dentistes ont également été avertis en amont de cette situation par l’agence.
(1) Le prénom a été modifié