«On s’est lancées naïvement et on se prend la réalité en face. On se rend compte du décalage qu’il y a entre le droit et son effectivité.» Comme d’autres couples de femmes ou femmes seules, Marion et Margaux pensaient, en s’inscrivant à un parcours de procréation médicalement assistée (PMA) fin 2022, avoir accès à des paillettes de sperme «non anonyme». Autrement dit, à des gamètes de donneurs ayant consenti à la divulgation de leur identité aux enfants issus de leur don, si ceux-ci le demandent à leur majorité. Là est tout l’objet de la nouvelle loi de bioéthique, qui, en plus de ne plus restreindre la PMA aux couples hétérosexuels, instaure depuis le 1er septembre 2022 la levée de l’anonymat des donneurs. Mais, dans les faits, l’accès à ces paillettes dites «nouveau régime» n’est pas pour toute de suite. Et, entre-temps, la gestion des différents stocks de gamètes s’avère être un casse-tête pour les professionnels de santé, tout autant qu’un véritable mystère pour les femmes concernées.
«On nous a un peu mis la pression»
Si Marion et Margaux se sont inscrites au centre d’étude et de conservation des œufs et du sperme humains (Cecos) de Bordeaux avec comme critère l’accès aux origines pour leur futur enfant, elles ont rapidement été rappelées à la réalité. Ce ne sera possible que fin 2024, leur dit-on d’abord. Le couple est donc agréablement surpris quand on lui propose, dès janvier 2024, un rendez-vous pour «la délivrance de paillettes». Toutes deux posent une journée de congé. Mais, une fois sur plac