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Mobilisation

Les pharmaciens en grève lors du week-end de Pentecôte et le 30 mai

Les pharmaciens appellent à faire grève du 18 au 20 mai avant une grande journée de mobilisation le 30 mai. En baissant les grilles de leurs officines, ils comptent réclamer des revalorisations financières et alerter l’Assurance Maladie et les pouvoirs publics sur les pénuries de médicaments et des risques de libéralisation de la vente en ligne.
Les pharmacies sont appelées à rester fermées du samedi 18 au lundi 20 mai. (Magali Cohen /Hans Lucas. AFP)
publié le 16 mai 2024 à 19h11

Les pharmaciens appellent à faire grève ce week-end du 18 au 20 mai avant une nouvelle journée le 30 mai. Ce jeudi, les deux syndicats majoritaires, la Fédération des pharmaciens d’officines (FSPF) et l’Union de syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) ont annoncé ces mobilisations pour réclamer des revalorisations financières. En baissant les grilles des 20 500 officines de France, ils comptent alerter l’Assurance Maladie et les pouvoirs publics sur les pénuries de médicaments et des risques de libéralisation de la vente en ligne.

Avant la journée commune de mobilisation du 30 mai, l’USPO prévoit même une grève des gardes ce week-end, «organisée localement par les syndicats» qui «s’appliquera partout sur le territoire du samedi 18 au lundi 20 mai», en réponse à la dernière réunion multilatérale avec l’Assurance Maladie dans le cadre des négociations conventionnelles.

«Le budget qui est sur la table ne permet pas de financer toutes les officines», a déclaré le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), Philippe Besset. La proposition de revalorisation par l’Assurance maladie dévoilée lors de la dernière réunion multilatérale, mardi dernier, est «inférieure» au milliard d’euros supplémentaires par rapport à 2019 que les syndicats espéraient pour le réseau en 2025. Selon les calculs, le conseiller économiste de l’USPO, Guillaume Racle, «on [leur] propose en moyenne, plus 5 500 euros par officine et par an entre 2023 et 2027». Une somme «dérisoire» par rapport aux besoins de financement des officines, qui font face à une «augmentation des charges induites aux deux tiers par l’inflation des frais de personnel et de loyer», selon lui.

Signer la convention ?

L’Uspo, qui «continue les négociations», attend une proposition du directeur général de la Cnam, Thomas Fatôme d’ici maximum 15 jours qui devrait être «la dernière», précise son président Pierre-Olivier Variot. Sans attendre, la FSPF a, elle, envoyé mercredi une «contre-proposition de négociation» à la Cnam dont elle attend une réponse en début de semaine prochaine.

«On n’atteindra pas le budget nécessaire, déplore Philippe Besset. Mais si jamais on ne prend pas ce qui est sur la table on va perdre des centaines de pharmacies supplémentaires», explique-t-il en rappelant que 46 pharmacies ont fermé depuis janvier, après 330 fermetures l’année dernière dans une branche qui compte plus de 130 000 salariés. «Et si on ne signe pas cette convention, les pharmacies rurales n’auront pas les 20 000 euros en début d’année», une aide destinée aux pharmaciens qui sont «seuls dans une officine, dans un village isolé où il n’y a pas de médecin».

Contre la vente en ligne

Outre la dégradation économique des officines, les pharmaciens veulent également interpeller la population et les pouvoirs publics sur les ruptures de stocks médicaments, très chronophages pour eux, ou encore sur la réforme de troisième cycle des études de pharmacie.

Dernier point de crispation : un projet politique susceptible de libéraliser la vente en ligne de médicaments par les pharmaciens. «Je ne veux pas qu’un pharmacien ait son officine dans un quartier et par ailleurs 10 000 mètres carrés de surface à côté, dans une zone commerciale où il arrose la France et l’Europe de médicaments. Les stocks déportés, c’est non», a lancé le président de la FSPF. «Les plateformes avec des stocks déportés, ça s’appelle Amazon. Donc c’est la mort de la pharmacie», a prévenu Pierre-Olivier Variot. Les syndicats comptent évoquer ensemble ce sujet lors d’un rendez-vous commun à Matignon le 23 mai.