Une nouvelle mesure pour faciliter l’accès aux soins. Depuis ce mardi 18 juin, les pharmaciens peuvent officiellement prescrire des antibiotiques sans ordonnance si leur patient est atteint d’une angine ou d’une cystite. Cette extension de mission avait été annoncée en septembre, elle entre désormais en vigueur puisque l’arrêté vient d’être publié au Journal Officiel. Objectifs : que les patients se fassent soigner plus rapidement, décharger les médecins et limiter le mésusage des antibiotiques. Selon l’Assurance maladie, sur six millions de prescriptions d’antibiotiques contre les angines, seuls deux millions seraient justifiés.
«Il s’agit d’une volonté politique présente depuis 2019, permettant la prise en charge d’infections simples par les pharmaciens sans passer par un médecin. Le décret paru ce matin est le point final d’un sujet discuté depuis cinq ans.», commente auprès de Libération Philippe Besset, président de la Fédération des Syndicats Pharmaceutiques de France.
Concrètement, toute personne qui présenterait de la fièvre, un mal de gorge important voire de la toux - c’est-à-dire des symptômes typiques d’une angine - ou bien des douleurs évocatrices d’une infection urinaire pourra se rendre en officine. Le pharmacien devra lui poser une série de questions : selon les réponses, il l’orientera vers un médecin ou lui fera passer un test dit «d’orientation au diagnostic» (Trod). S’il est positif et révèle une «cystite aiguë non compliquée chez la femme» ou bien une «angine bactérienne à streptocoque du groupe A», il pourra lui délivrer directement des antibiotiques.
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Il faudra toutefois attendre encore un peu avant que toutes les officines soient en capacité de délivrer ces médicaments sans ordonnance. «Les pharmaciens vont devoir se former, en particulier apprendre le geste technique pour prélever un échantillon et effectuer le test d’angine», rappelle Philippe Besset. Ces formations, en ligne, dureront 4 heures. Le pharmacien occitan est confiant et estime que cette phase devrait «aller assez vite» : «Je pense qu’un grand nombre de pharmacies pourront déjà remplir ce service avant les JO». Il table sur une généralisation dans les 20 000 officines françaises «d’ici la fin de l’automne».
Entièrement remboursé
Cette nouvelle disposition était prévue dans le dernier budget de la Sécurité sociale : le test sera rémunéré à hauteur de 10 euros, 15 euros s’il s’avère positif et que le pharmacien doit délivrer un antibiotique. Mais il sera entièrement remboursé par l’Assurance maladie. La mesure entre en vigueur à la suite de la signature de la nouvelle convention qui lie les pharmaciens avec la Caisse nationale d’Assurance maladie - et pour laquelle ils avaient engagé un bras de fer et s’étaient mis en grève.
Cette extension de compétences est globalement vue d’un bon œil par la profession : elle leur permet de répondre à un besoin régulier auquel les pharmaciens s’efforçaient de trouver des solutions, insiste le responsable syndical. «Les gens venaient déjà à nous pour ces problèmes. Dans ce cas, soit on faisait un test sans prise en charge, et ensuite on prenait le temps de contacter un médecin ou on donnait des médicaments sans ordonnance pour les soulager, mais pas des antibiotiques capables de les soigner.» De son côté, MG France, premier syndicat de généralistes, pointe une «mesure cache-misère», qui ne règle pas le problème de fond, à savoir les difficultés d’accès aux médecins traitants.