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Interview

«Les plus modestes ont un risque de suicide plus important que les plus aisés»

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Selon le président délégué de l’Observatoire national du suicide, Fabrice Lenglart, la remontée du taux de suicide depuis la crise sanitaire est le fait des hommes de plus de 85 ans et des jeunes femmes de moins de 25 ans.
Après trente ans de recul constant, le taux de suicide en France est reparti à la hausse depuis la crise sanitaire. (Martine Voyeux/Signatures)
publié le 25 février 2025 à 9h46

Est-ce la fin d’un progrès civilisationnel ? Après trente ans de recul constant, le taux de suicide en France est reparti à la hausse depuis la crise sanitaire, selon le rapport de l’Observatoire national du suicide dévoilé ce mardi 25 février. Avec 9 200 décès recensés, le nombre de suicides pour 100 000 habitants s’élève à 13,3 en 2022, supérieur à ce qu’il était en 2021 (13,0) et 2020 (13,1) ce qui la place la France au-dessus de la moyenne des pays d’Europe de l’Ouest (10,6) et du Nord (11,4). Pour Fabrice Lenglart, directeur de la Drees et président délégué de l’Observatoire, cette dégradation est révélatrice d’un mal-être aux deux extrêmes de la pyramide des âges, chez les personnes très âgées et les jeunes.

Quelle catégorie de la population est la plus exposée au risque de suicide ?

C’est souvent passé sous silence mais ce sont les personnes très âgées qui en meurent le plus. Même si c’est très loin d’être la première cause de mortalité dans cette classe d’âge, le taux de suicide des personnes de 85-94 ans est de 35,2 pour 100 000 habitants, près du triple du taux mesuré pour l’ensemble de la population. Et parmi elles, les hommes sont de loin les premiers concernés. Leur risque suicidaire est huit fois plus élevé que les femmes du même âge et 25 fois plus im