Après l’appel à la vigilance, la sanction. Les sachets, billes et gommes de nicotine, produits qui ciblent particulièrement les jeunes, seront interdits en France à partir de mars 2026, en vertu d’un décret paru samedi au Journal officiel. Cette interdiction fait suite au bannissement des cigarettes électroniques jetables (les «puffs»), prohibées à la vente depuis fin février, et à l’interdiction de fumer dans les espaces publics comme les jardins et parcs, les plages ou encore aux abords des écoles en vigueur depuis le 1er juillet.
«Substance vénéneuse»
Le bannissement des sachets «vise à protéger la santé publique : la nicotine est désormais considérée comme une substance vénéneuse en raison de ses effets nocifs, et son usage à visée récréative présente un risque d’initiation au tabagisme, notamment chez les jeunes», a justifié à l’AFP le ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités. La ministre «Catherine Vautrin confirme ainsi son engagement» contre les «risques liés aux addictions», selon cette source.
Santé
Le gouvernement avait annoncé à l’automne 2024 son intention de bannir ces sachets de nicotine, également appelés pouches, et qui se glissent entre la lèvre et les gencives, en raison notamment d’un accroissement des intoxications chez les adolescents. Apparus récemment, ces sachets de nicotine sans tabac renferment, dans un tissu perméable, des fibres de polymères imprégnées de nicotine et d’arômes.
«Je suis très préoccupée car les centres antipoison reçoivent de plus en plus d’appels d’adolescents pour des syndromes nicotiniques aigus parfois sévères, en lien avec la consommation des pouches. Ils se traduisent par des vomissements, des convulsions, des hypotensions voire des troubles de la conscience», avait décrit à l’époque dans Le Parisien la ministre de la Santé, Geneviève Darrieussecq. «Ce sont des produits dangereux car ils contiennent des fortes doses de nicotine. C’est de notre devoir d’en interdire la commercialisation», avait-elle conclu.
Une «victoire» pour Alliance contre le tabac
L’interdiction, prévue pour entrer en vigueur dans six mois selon le décret, vise l’ensemble des «produits à usage oral contenant de la nicotine, à l’exception des médicaments et dispositif médicaux». Il s’agit notamment des «sachets portions» ou «sachets poreux», «pâte, billes, liquides, gomme à mâcher, pastilles, bandelettes ou toute combinaison de ces formes», énumère le texte.
L’Alliance contre le tabac, une fédération d’associations antitabac, a salué une «victoire». «Il s’agit d’une mesure cruciale pour protéger les jeunes et contrer les stratégies pernicieuses d’une industrie qui prospère sur le marché de l’addiction, au détriment de la santé publique», a-t-elle estimé dans un communiqué. «Face à la baisse de la consommation de cigarettes dans les pays développés, les sachets de nicotine et les nouveaux produits nicotiniques (tabac chauffé et cigarettes électroniques) constituent le nouvel eldorado financier des cigarettiers», souligne l’organisation pour qui, «loin d’être des outils de sevrage, les sachets de nicotine et leurs dérivés (billes, perles) n’ont pour objectif que d’étendre le marché de l’addiction à la nicotine».
De leur côté, les fabricants British American Tobacco France et Philip Morris France ont dénoncé cette interdiction. Le premier a critiqué une «approche dogmatique, sans débat ni concertation» de la France, qui «prend le risque […] de priver les fumeurs adultes d’alternatives encadrées» au tabac. Pour le second, «la France s’entête dans une stratégie d’interdiction inefficace». La confédération des buralistes y voit, elle, une «victoire annoncée pour les trafics».
En novembre 2023, l’Anses avait appelé à une vigilance particulière sur ces sachets en soulignant que ces produits, comme les billes aromatiques, entraînaient de plus en plus d’intoxications. «Les enfants et adolescents sont les principales victimes», constatait l’agence sanitaire.
Mis à jour à 15 h 32 avec la réaction des fabricants.