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Les soignants confrontés au manque de personnel : «Ceux qui restent sont lessivés par le rythme et la charge de travail»

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Alors qu’une proposition de loi visant à instaurer un ratio minimal de soignants par patient hospitalisé doit être examinée jeudi, «Libération» a interrogé des personnels hospitaliers de Bordeaux. Qui racontent leur sentiment de travailler à la chaîne, dans des conditions dégradées.
Des soignants du CHU de Bordeaux interviennent aux urgences de la Polyclinique Nord-Aquitaine, en avril 2024. (Philippe Lopez/AFP)
publié le 23 janvier 2025 à 6h48

«On nous avait prévenues à l’école d’infirmière : “D’ici cinq ans, ça deviendra trop dur. Vous voudrez sans doute arrêter, faire autre chose”.» Julie (1), la vingtaine, salariée au CHU de Bordeaux, était loin d’imaginer à quel point cette phrase allait résonner en elle quelques années après l’obtention de son diplôme. En gériatrie, la soignante ne compte plus le nombre de collègues qu’elle a vu passer, puis partir, aussi vite qu’ils étaient venus. Avec le vieillissement et l’augmentation de la population, la demande de soins est en hausse constante. La multiplication des polypathologies les rend plus lourds, plus chronophages. «Résultat, le service attire de moins en moins de jeunes et souffre d’une mauvaise réputation. Ceux qui restent sont lessivés par le rythme et la charge de travail. Ils finissent par se tourner vers d’autres spécialités, démissionnent, privilégient le privé. Voire se reconvertissent. Sans compter les arrêts maladies, les burn-out. On tourne quasi quotidiennement avec un effectif réduit de moitié», déroule Julie.

Si la gériatrie aiguë fait partie des disciplines qui ont le plus de mal à fonctionner avec des équipes au complet, la pédiatrie, la neurologie ou la médecine interne ne sont pas en reste. «Le CHU de Bordeaux peine à recruter des gens spécialisés avec de l’expérience», résume Gilbert Mouden, représentant syndical Sud et infirmier anesthésiste depuis trente ans. C’est peu dire qu’il suit avec intérêt