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Libération
Témoignages (4/4)

Les visages de la déprogrammation : Colette Rey et sa greffe de rein

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De nombreuses opérations sont reportées à cause de la troisième vague de Covid-19. «Libération» est allé à la rencontre de ces «déprogrammés». Aujourd’hui, Colette Rey, une retraitée de 70 ans, qui attend d’être transplantée du rein de sa sœur jumelle.
Colette Rey à Paris, samedi. (Cyril ZANNETTACCI/VU' pour Libération)
publié le 18 avril 2021 à 13h50

Colette Rey, 70 ans, est du genre dure à cuire. Non pas de ces personnalités froides et sans pitié, mais de celles qui se marrent pour effrayer le cafard. Elle est là, solaire dans son appartement parisien, menton haut et rire franc, déconcertante de bonhomie. L’apparence vaillante pendant qu’au fond de ses entrailles, deux reins crient leur détresse sans discontinuité. «Je crois que cette espèce de jovialité vient de papa, analyse cette retraitée. Il sifflotait tout le temps, il faisait des calembours. Il a peut-être donné à ses enfants un esprit de résistance face à la contrariété.» Le 31 mars, la transplantation rénale de Colette Rey a été déprogrammée. Une opération qu’elle attend depuis six longues années, soit le début de sa maladie.

Les «mésaventures» ont démarré en 2014. A la suite d’une hospitalisation pour épuisement généralisé, la septuagénaire prend deux nouvelles de plein fouet : sa moelle osseuse est atteinte d’un cancer, appelé myélome, et celui-ci a déjà dévoré les deux reins. «J’étais en train de m’auto-intoxiquer, retrace-t-elle. Les médecins ont d’abord tout essayé pour les faire redémarrer, je devais passer mes journées à boire de grands verres d’eau Saint-Yorre, quelle torture ! Ils ont rapidement dû se rendre à l’évidence, et déclarer que mes reins étaient nazes.» Commencent alors les séances de dialyse à l’hôpital parisien de Tenon, pour débarrasser le sang des toxines et équilibrer la balance hydrique du corps. En parallèle,