«Une grande claque dans la gueule.» De celle qui assomme et laisse à terre. Voilà comment Nassira Djoubri, après plusieurs années de lutte médicale acharnée, résumerait ce dernier soufflet «ultraviolent» venu la percuter le 2 avril. Il a jailli par surprise, au cours d’un appel de dernière minute de la clinique Mathilde à Rouen, en Seine-Maritime. «Vlan, comme ça», balaye-t-elle de la main. Soignée d’un cancer du sein droit, la Normande de 44 ans attendait sa première opération de restructuration mammaire, fixée au vendredi 9 avril et désirée depuis si longtemps. «Annulée», lui a-t-on annoncé.
Au chirurgien, elle écrira dans la foulée : «Je comptais les jours comme les enfants comptent les dodos. Ne me laissez pas sombrer. Je ne veux pas une poitrine de bimbo, je veux juste retrouver mon corps et qu’enfin les combats cessent.» Cela fait dix jours et Nassira Djoubri n’a pas reçu de réponse. A en croire ses grands yeux sombres lourds de chagrin, elle n’en recevra pas de sitôt. Même dans les régions plus épargnées par le Covid, l’heure est à la priorisation.
«Avant tout ça, j’étais un roc»
C’est en 2019 que tout s’est embruni. Juste avant les vacances d’été, lorsque cette salariée de la Croix-Rouge locale se découvre une grosseur sous la poitrine. Elle se souvient de la biopsie en urgence, du fatal «c’est pas bon» lâché par le médecin, de la première opération en septembre. On lui découvre quatorze tumeurs. S’ensuivent une ablation totale du sein droit et douze séances