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Santé mentale

«L’Etat privilégie des systèmes ubérisés» : les psychologues de la fonction publique se mobilisent pour leurs conditions de travail

Les 60 000 membres de la profession sont appelés par une intersyndicale à se rassembler jeudi 9 octobre devant le ministère de la Fonction publique. Ils dénoncent des carences de personnel et des salaires insuffisants.

Manifestation des agents de la fonction publique, à Paris le 5 décembre 2024. (Eric Broncard/Hans Lucas. AFP)
Publié le 09/10/2025 à 12h16

«Nous ferons de la santé mentale la grande cause nationale de l’année 2025», déclarait en octobre 2024 Michel Barnier, à l’occasion de son discours de politique générale devant l’Assemblée nationale. Un an et trois Premiers ministres plus tard, les manques de moyens et d’effectifs continuent de paralyser les psychologues de la fonction publique, qui sont appelés à se mobiliser ce jeudi 9 octobre devant leur ministère par une intersyndicale de la fonction publique.

«Nous demandons un vrai projet de santé publique, dans le respect de la déontologie des psychologues», déclare à Libération Valérie Trébourg, membre de l’UFICT-CGT Services Publics. Rendez-vous est donné aux 60 000 membres de la profession à 13 h 30, devant le ministère de la Fonction publique, avec pour objectif d’obtenir un rendez-vous auprès du ministre démissionnaire, Laurent Marcangeli : «Nous n’avons pas été reçus depuis des décennies», s’indigne Valérie Trébourg.

«Régression sociale»

Les psychologues de la fonction publique interviennent dans des champs et structures variés : établissements scolaires, centres médico-psycho-pédagogiques (CMPP), Ehpad ou encore services de la protection maternelle et infantile (PMI). Une accumulation de missions auxquelles le secteur ne peut plus faire face. «On se retrouve avec des carences de personnels, parce que l’Etat ne recrute pas de fonctionnaires mais privilégie le secteur libéral en faisant la promotion de systèmes ubérisés, qui traitent des urgences à la chaîne, là où service public attache de l’importance à l’accueil et au temps long», déplore la syndicaliste à propos d’une profession qui ne cache pas son épuisement.

Cette inflation du libéral constitue selon elle une «régression sociale» : moins de titularisations et un taux de «30 à 80 % de contractuels selon les lieux d’exercice». Conséquence : pour qu’un enfant ou adolescent intègre un CMPP, où certaines consultations peuvent être prises en charge par l’Assurance maladie, il faut compter six à neuf mois.

Autre revendication : une meilleure rémunération des professionnels de la santé mentale du secteur public. Pour accéder au titre de psychologue, il faut au minimum un diplôme de grade Master, soit un bac + 5 ; pour une rémunération en début de carrière de «1 543 euros net, soit à peine cent euros de plus que le smic», déplore Valérie Trébourg. Un secteur en crise alors que la santé mentale des Français est préoccupante : un Français sur quatre souffrira d’un trouble psychique au cours de sa vie, selon les chiffres de l’Assurance maladie.