Elle sera le nouveau visage de la lutte contre le Covid-19. L’immunologue Brigitte Autran prend la tête du «comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires», instance qui remplace le feu Conseil scientifique, annonce un arrêté paru ce mercredi au Journal officiel. Praticienne de l’hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière, connaisseuse fine des vaccins et «première interne de France à être confrontée à un patient atteint du sida en 1981», précise le Parisien, Brigitte Autran, 68 ans, est particulièrement reconnue pour ses travaux de recherche sur le soin du VIH.
Il y a deux ans, en plein cœur de la pandémie de Covid-19, le Conseil scientifique était créé pour orienter l’action du gouvernement français. Le 31 juillet dernier, avec la levée de l’état d’urgence sanitaire, le conseil, jusqu’alors présidé par le professeur Jean-François Delfraissy, a tiré le rideau. Le nouveau comité aura une visée plus large. Précisément, il aura pour mission de maintenir une veille sur l’ensemble des risques sanitaires, avec une attention particulière aux conséquences du réchauffement climatique ainsi qu’aux interactions entre animaux et humains.
Chantre du «global health»
Pendant toute la crise du Covid-19, Brigitte Autran participait déjà en coulisse au Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale. Sa nouvelle mission reste, dans le fond, similaire : conseiller le gouvernement. A ceci près que tous les risques sanitaires entrent désormais dans son champ d’action. La finalité ? Prôner la méthode du global health, ou «santé globale» en français, lancée dans les années 2000, qui vise à promouvoir une approche pluridisciplinaire et globale des enjeux sanitaires.
«L’idée, c’est d’avoir un coup d’avance», affirme l’immunologue dans une interview donnée au Parisien à l’occasion de sa nomination. «Regarder ce qui se passe ailleurs», dans les autres pays du globe et être autant attentif aux risques liés aux êtres humains qu’aux animaux. «Des maladies peuvent être transmises de l’animal à l’homme, ou l’inverse, ou même revenir en boomerang de l’un à l’autre», précise-t-elle. «On le sait depuis longtemps mais sans en prendre totalement la mesure», et «aujourd’hui, les politiques publiques doivent prendre en compte ce fait», souligne-t-elle encore.
«Une vague à l’automne» de Covid-19
Quant à la pandémie de Covid-19, Brigitte Autran a certifié qu’il est «quasi certain qu’il y aura une vague à l’automne», après le creux actuel. Elle déplore qu’il y ait «trop de personnes non vaccinées ou non revaccinées» et que «les traitements efficaces pour éviter les formes graves, comme le Paxlovid sont trop peu connus, trop peu proposés aux patients fragiles». Mais pour la professeure, il «faut aller vers le vivre avec» le Covid-19.
Au contraire, concernant la variole du singe, ou «monkeypox», Brigitte Autran veut éliminer totalement la circulation du virus. «Une stratégie zéro Monkeypox est possible, contrairement à celle du zéro Covid», a-t-elle assuré, appelant à accélérer les campagnes de vaccination et à augmenter les centres de vaccination, actuellement au chiffre de 150 en France. «De par sa nature, ses voies de transmission, c’est un virus qu’on peut maîtriser.»
Pour l’heure, Brigitte Autran s’apprête à construire dans les prochains jours une équipe composée de 16 scientifiques, d’un représentant des citoyens et d’un autre, des patients. Pour que le comité soit «opérationnel» dès septembre, dit-elle, espérant formuler des «recommandations rapidement».