La Mutualité française veut faire des économies. Cette fédération, qui regroupe les complémentaires santé à statut mutualiste, a dans l’idée de restreindre le remboursement des lunettes et des prothèses auditives. «On est dans une pseudo-gratuité où les gens ne se rendent plus compte de combien cela coûte» et font gonfler les dépenses de santé, selon son président Eric Chenut, qui s’est exprimé ce vendredi 11 avril dans un entretien accordé aux Echos. «Il n’y a qu’en agissant sur la dynamique de dépense de santé […] qu’on arrivera à rendre notre système soutenable.»
Interview
Concrètement : plutôt que de permettre aux Français de se faire rembourser de nouvelles lunettes tous les deux ans, la Mutualité «suggère de passer ce délai à trois ans», détaille Eric Chenut auprès du quotidien. Pour ce qui est des audioprothèses, «il ne serait possible d’en changer en étant remboursés intégralement que tous les cinq ans plutôt que tous les quatre ans».
Des propositions à l’exécutif à venir
La Mutualité souhaite également que les garanties du «contrat responsable et solidaire» - le contrat-type soutenu fiscalement par l’État et plébiscité par les complémentaires santé et les assurés - soient concentrées sur «le socle des soins essentiels». «De quoi limiter les charges des complémentaires qui par exemple, ne rembourseraient que 30 euros pour des montures de lunettes, contre 100 actuellement, et ne seraient plus obligées, entre autres de rembourser les culottes menstruelles», selon le quotidien. La remise à plat de ce contrat pourrait aussi toucher les soins dentaires et la pose d’audioprothèses, avec des cotisations qui pourraient ainsi, selon la Mutualité, coûter «20,25 %» moins chers qu’actuellement.
Selon les Échos, les assureurs privés, qui représentent de leur côté environ un tiers du marché de la complémentaire santé, sont globalement sur la même longueur d’onde que la Mutualité. Les deux fédérations doivent ainsi faire des propositions communes à l’exécutif «dans les prochains jours», indique le quotidien.
Les dépenses de santé en France augmentent plus vite que la richesse produite. Cette dépense (DCSI, dépense courante de santé au sens international) a progressé de 20 % entre 2019 et 2023, pour peser désormais 11,5 % du PIB, contre 11,2 % en 2019, selon les derniers chiffres de la Drees (direction statistique des ministères sociaux).