Les salles d’attente ne désemplissent pas, ce mercredi de fin mai. Passé le hall vitré de la maison de santé de Grigny-sur-Rhône, le premier palier mène à un cabinet d’infirmières. D’autres pièces accueillent une psychomotricienne, une orthophoniste, un ostéopathe et un kinésithérapeute. Et surtout, à l’étage, trois médecins généralistes enchaînent les consultations. Réunir cette offre de soins était impensable il y a deux ans dans cette commune de 10 000 habitants, parmi les plus pauvres de la métropole de Lyon. Car il manquait sa pierre angulaire : les généralistes.
«Après le départ à la retraite des médecins historiques, il n’y a pas eu de passation, cette rupture générationnelle a entraîné un important turn-over, ça a été des années de combat pour tenter de conserver des praticiens en lien avec les autres professionnels de santé», retrace l’infirmière et première adjointe au maire, Isabelle Gautelier. En 2022, la dernière généraliste a quitté la ville, devenue ce énième désert médical, à l’instar des 87 % du pays où l’accès aux soins est insuffisant, induisant nombre de renoncements à ce droit fondamental.
Pour y remédier, Grigny-sur-Rhône a lancé au printemps 2023 un «incubateur de santé solidaire», une expérimentation alors unique en France. Son objectif : agréger les bonnes volontés des médecins d’un bassin de popul