Cet article est tiré du Libé spécial auteur·es jeunesse. Pour la cinquième année, Libération se met aux couleurs et textes de la jeunesse pour le Salon du livre de Montreuil qui ouvre ses portes le 29 novembre. Retrouvez tous les articles ici.
Il est loin le temps où allumer une cigarette faisait partie de l’arsenal de la séduction. Le temps où les avions, les bureaux et les salles de classe disparaissaient sous de lourdes volutes blanches. En quarante ans, le tabagisme a changé d’image, le laisser-aller voire la vulgarité ont remplacé la coolitude ou l’élégance. En France, la lutte contre ce qui serait responsable de 13 % des décès passe beaucoup par le porte-monnaie, et le paquet de cigarettes caracole en tête des plus chers d’Europe. Ce 28 novembre, une nouvelle hausse vient d’ailleurs d’être annoncée par le gouvernement, qui vise un prix moyen du paquet à 13 euros d’ici début 2027. La France aspire à «bâtir la première génération sans tabac à l’horizon 2032» : un objectif ambitieux puisque le taux de fumeurs réguliers stagne autour de 24 % selon Santé publique France, un chiffre parmi les plus élevés de l’Union Européenne.
Seuls 5 % de Suédois sont encore accrocs à la nicotine
Pour tenter d’infléchir sérieusement la tendance, d’autres leviers doivent être activés, inspirés notamment par la politique mise en place en 2019 par la Suède, un pays où les effets de la stratégie antitabac semblent relever du miracle. Dans le pays scandinave, il est désormais interdit de fumer et de vapoter dans tous les lieux publics, plages y compris, et les commerçants qui laisseraient fumer leurs clients aux abords de leurs établissements sont immédiatement sanctionnés.
Cette «guerre» poursuit les irréductibles jusque dans leur domicile, puisqu’ils ne peuvent même plus dégainer leur briquet dans les appartements ou maisons loués. Résultat : en quarante ans, la consommation de tabac a chuté de plus de 30 points, seuls 5 % de Suédois sont encore accros à la nicotine et le taux de cancer du poumon y est le plus faible au monde.
Petits sachets à sucer
Si le tableau semble idyllique, la consommation de chique inquiète. La consommation de snus (prononcez «sneuss»), interdite partout en Europe, est une dérogation obtenue par la Suède lors de son adhésion au nom de la culture et de la tradition. Le snus est une sorte de tabac mélangé avec de l’eau et du sel, aromatisé à l’envi, qui peut se présenter sous la forme de petits sachets à sucer ou à garder en bouche, calés entre la lèvre et la gencive.
A lire aussi
La dose de nicotine d’une seule prise peut correspondre à celle de 8 cigarettes, et ses effets inquiètent donc les autorités de santé. Or si les fabricants soutiennent que le snus est moins nocif que la cigarette, son usage présente de nombreux dangers, qu’il s’agisse de pathologies buccales, de l’augmentation du risque de cancer de la bouche, du pharynx ou du pancréas, d’AVC ou de diabète de type 2.
En France, le produit semble d’ailleurs commencer à séduire les jeunes. Sur TikTok, les vidéos montrant les «premières fois» des utilisateurs enregistrent plusieurs millions de vues. Une tendance virtuelle qui se traduit dans le réel : selon une étude de l’Alliance contre le tabac et l’institut BVA publié mi-novembre, 7 % des Français entre 13 et 16 ans ont déjà essayé le snus.