Les négociations avaient échoué au printemps. Portée de nouveau par les syndicats de médecins à l’automne, la demande d’une augmentation de la consultation des généralistes de 26,50 à 30 euros, à laquelle l’Assurance maladie s’est montrée favorable, nécessitera des «engagements mutuels», a souligné le ministre délégué à la Santé, Frédéric Valletoux, en assurant que «des discussions sont en cours». «La demande de l’Etat est quels sont les engagements réciproques ? Quelle est la contrepartie ? Dans tout contrat, on fait un pas l’un vers l’autre», a-t-il estimé au micro de France Info, ce vendredi 16 février tout en espérant que «ça va aboutir le plus vite possible».
La consultation à 30 euros, c'est pour quand ? "Les discussions sont en cours. J'espère que ça va aboutir le plus vite possible", déclare Frédéric Valletoux, ministre chargé de la Santé. "On a besoin d'un système de santé qui inclut plus les professionnels." pic.twitter.com/arlEWkv75G
— franceinfo (@franceinfo) February 16, 2024
Alors que le Premier ministre, Gabriel Attal, a exposé lors de sa déclaration de politique générale fin janvier, sa volonté de réinstaurer les «obligations de gardes» pour les médecins libéraux dans les départements n’ayant pas déployé un service d’accès aux soins (SAS), le ministre estime que «tout le monde ne vit pas [cette annonce] comme une menace». «40 % des médecins libéraux participent à la garde», c’est-à-dire travaillent certains soirs après 20 heures, certains week-ends et jours fériés. Décrivant de fortes disparités sur ces gardes, Frédéric Valletoux affirme sa «volonté est de regarder les choses territoire par territoire», selon les besoins. Cette annonce du Premier ministre avait été vivement critiquée par les syndicats de médecins libéraux.
«Revaloriser les actes»
Mis face aux 30 % de Français vivant dans un désert médical, le ministre a insisté sur la nécessité d’activer «plusieurs leviers» au-delà de la suppression du numerus clausus «permettant d’avoir 20 % d’étudiants en médecine de plus» comme la nécessité de «revaloriser les actes» notamment en pédiatrie et en psychiatrie ou encore faire «l’effort d’aller regarder si les professionnels étrangers peuvent venir». Quelque 25 000 sont déjà inscrits à l’Ordre des médecins, selon les données avancées par Frédéric Valletoux, qui appelle à une «vraie reconnaissance, une vraie insertion dans le système français».
Se voulant rassurant, le ministre évoque également des «signaux positifs à l’hôpital, on réouvre des lits». Interroger sur la mort du jeune Lucas, 25 ans, aux urgences en septembre, Frédéric Valletoux déplore «un cas dramatique» avant de dresser un parallèle entre cette «crise de santé qui affecte le monde libéral» et celle de l’hôpital, où les passages aux urgences ne cessent d’augmenter : «Il y avait 10 millions de passages aux urgences il y a une vingtaine d’années, on est à plus de 21 millions.» L’objectif de Gabriel Attal est que chaque département ait un service d’accès aux soins (SAS) «dans les prochains mois» pour désengorger les urgences. Il permet d’orienter les patients confrontés à un besoin non urgent, mais dont le médecin traitant n’est pas disponible, par exemple, en proposant une téléconsultation.
«Sobriété pour les médicaments»
Faisant le SAV de la plupart des annonces du chef du gouvernement, le ministre n’a pas échappé au sujet de la «taxe lapin», autrement dit la volonté de faire payer les patients n’honorant par leurs rendez-vous. Rien n’a pour l’heure été arbitré. «On a 27 millions de rendez-vous honorés par an selon les professionnels, deux heures hebdomadaires c’est énorme», a-t-il déploré. Le ministre a aussi appelé à «travailler à une sorte de sobriété pour les médicaments» dont la franchise va être doublée pour les patients en mars. Il envisage même «des campagnes pour essayer de contenir la dépense de médicaments» mais aussi un travail «sur les conditionnements par les professionnels du médicament». Quant à la grève des infirmières libérales de ce lundi pour une revalorisation de leurs indemnités, Frédéric Valletoux envisage des «discussions très larges» et insiste : «Il faut réinterroger le rôle des infirmières dans le système de santé. […] La question n’est pas seulement la rémunération c’est aussi leur rôle.»
N’ayant pas échappé au sujet épineux de l’accès à une aide active à mourir, le ministre a tenté de justifier sa signature aux côtés de cinq autres députés d’une tribune s’y opposant dans Le Monde en juin 2023, un position assez délicate alors qu’il sera amené à porter ce dossier aux côtés de la ministre du travail, de la Santé et des Solidarités Catherine Vautrin. «Ce n’était pas une opposition à ce qu’on réouvre le sujet du droit à l’aide active à mourir, c’était une tribune pour les soins palliatifs», se défend-il auprès de France Info. Un projet de loi sera discuté d’ici «la fin du printemps et probablement à l’été», a de son côté annoncé la ministre lors des questions au gouvernement mercredi.