Alors que les cas de méningites augmentent en France, les autorités sanitaires renforcent la vaccination pour prévenir les infections. La décision est officialisée ce vendredi 26 avril, au moment de la diffusion du nouveau calendrier vaccinal : la vaccination des moins d’un an contre les méningocoques A, B, W et Y - en plus de celle contre les méningocoques C - sera obligatoire à partir de 2025 et largement remboursée par l’assurance maladie. La Haute autorité de Santé l’avait préconisé plus tôt dans le mois.
Un seul vaccin, dit tétravalent, ciblera A, C, W et Y. Le vaccin anti-B sera quant à lui administré en trois doses successives à 3, 5 et 12 mois. Actuellement, seule la vaccination anti-méningocoques C est obligatoire chez les moins d’un an, tandis que celle contre B n’est que recommandée.
Infections très contagieuses
Les méningites sont une inflammations des membranes du cerveau ou de la moelle épinière. La majorité du temps, un virus en est responsable. Mais elles peuvent aussi être provoquées par des bactéries, dont celles de la famille des méningocoques : les méningites bactériennes sont des infections dangereuses, très contagieuses, qui touchent principalement les enfants et adolescents. Forte fièvre et raideur de la nuque en sont les principaux symptômes. Non soignées, elles tuent de manière foudroyante, systématiquement. Quand elles sont prises en charge, le taux de mortalité reste de 10 %. Sans parler de lourdes séquelles, fréquentes : amputation, troubles cognitifs, surdité…
Toutes les méningites bactériennes ne sont pas causées par des méningocoques, mais ils ont la particularité de facilement se transmettre d’une personne à une autre. Ils peuvent donc causer des épidémies, ce qui a justifié le développement de vaccins. Le rebond de ces infections depuis plusieurs années ont motivé les autorités à élargir cette vaccination. Cette recrudescence s’explique notamment par les mesures anti-Covid : les restrictions ont réduit l’exposition et l’immunité de la population aux méningocoques, et elles ont plombé les statistiques de vaccination. En 2023, 560 cas de méningites dues à des méningocoques ont été déclarés. Une augmentation de 72 % par rapport à 2022 et un niveau plus atteint depuis dix ans.
Interview
Une autre évolution explique l’accélération de la vaccination : le profil des bactéries impliquées a nettement changé. Les principaux méningocoques sont en effet séparés en grandes familles : A, B, C, W et Y. Pendant longtemps, B et C sont restés largement majoritaires. B l’est toujours, mais C est devenu marginal. Il est désormais nettement derrière Y et W - cette dernière est particulièrement meurtrière. Or, à l’heure actuelle, seules B et C sont concernées par la vaccination. C’est probablement ce qui explique la chute des infections aux méningocoques C.
Puisque les méningites à méningocoques ne touchent pas seulement les nourrissons, d’autres classes d’âges sont aussi concernées par la vaccination. Mais elle est, à ce stade, seulement recommandée. Chez les plus âgées, le vaccin C était déjà recommandé jusqu’à 24 ans chez les personnes qui ne l’ont pas reçu comme prévu à moins d’un an.
Le nouveau calendrier vaccinal recommande désormais une dose de rappel contre A, C, W et Y entre 11 et 14 ans, même s’ils ont déjà bien reçu ce vaccin au plus jeune âge. Et s’il n’est que recommandé, le vaccin sera largement remboursé par l’Assurance maladie. Le vaccin B reste réservé aux plus petits : la Haute autorité de Santé (HAS) considère que ses bénéfices ne sont pas avérés au-delà de deux ans.
Mis à jour : à 16 heures avec plus de détails sur les méningocoques et le contexte épidémique.