Pour le quatrième rassemblement des anti-pass sanitaire à Chambéry (Savoie) en dix jours, ce samedi après-midi, la mobilisation prend encore de l’ampleur. Comme dans de nombreuses villes de France, une foule impressionnante s’est lancée à travers les rues de la ville, un flot grossissant de minutes en minutes, réunissant sans doute plus 3 000 personnes selon une première estimation. Chapeau de paille et tenues estivales, les manifestants scandent sans relâche leur slogan favori : «du pass sanitaire, on n’en veut pas».
Rien ne laisse présager de nouveaux débordements en ce début de manifestation : les contestataires sont de toutes générations, calmes mais très déterminés. Muriel, monitrice d’escalade en Tarentaise, est descendue exprès de sa montagne pour sa première manif : «je suis indignée. On ne respecte pas notre libre arbitre ni nos droits».
«Vivre normalement»
Au départ du rassemblement, Evelyne, assistante de direction de 50 ans, tremblait de colère au mégaphone : «j’accuse le gouvernement de violer nos droits ! Je viens de perdre le droit de partir en vacances, d’emmener ma petite fille à la piscine, de vivre normalement. Je ne veux pas céder au chantage !» La foule lui répond en scandant longuement, d’une seule voix : «liberté, liberté», avant d’enchaîner sur «Macron, en prison».
Le préfet de la Savoie a mis en garde vendredi les participants à cette nouvelle manifestation non déclarée sur «l’engagement de leur responsabilité» en cas «d’accident, de violences ou de dégradations» et les a enjoints à «exprimer leurs opinions dans le respect des institutions et des symboles de la République».
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Mercredi 14 juillet, ils étaient déjà 1 500, puis encore plus de 2 000 le samedi 17 juillet. Lors de ces deux actions non déclarées, certains manifestants avaient envahi la voie rapide urbaine qui traverse la ville et interrompu la circulation.
Mercredi dernier, si la mobilisation a été moindre, elle a fait grand bruit puisque quelque 200 personnes avaient investi l’hôtel de ville pendant une dizaine de minutes, le temps de décrocher puis conspuer le portrait officiel du président de la République.
Des milliers de personnes défilent dans les rues de #Chambery contre le #PassSanitaire pic.twitter.com/zayyeAQ4Re
— France Bleu Pays de Savoie (@bleusavoie) July 24, 2021
Ce samedi, la manif a encore grandi. A 15h30, ils sont environ 5000, peut-être plus encore, à venir se masser contre les grilles de la préfecture, le château des Ducs de Savoie, pour se lancer dans une bronca monumentale d’une dizaine de minutes. Fumigènes rouges, sifflets, sirènes, huées, pétards et ce slogan unique, puissant : «Macron, démission !»
Christian, 62 ans, «chômeur bientôt retraité», sourit : «j’étais surpris la semaine dernière de l’ampleur de la mobilisation, mais là, plus du tout. Il y a un élan de colère évident, les Français n’acceptent pas ce qui se passe. On est parti pour du lourd, pour un mouvement long.» Le cortège repart, toujours galvanisé malgré un soleil de plomb. Inlassablement, les manifestants scandent à pleine voix leur refus du pass sanitaire. Direction l’hôpital, où quelques blouses blanches saluent la foule aux fenêtres et sont longuement applaudies.
Si l’on relève bon nombre de drapeaux français, les bannières d’organisations politiques, elles, sont quasiment absentes. Antoine, un militant communiste, porte un drapeau Front de gauche et assure, impressionné : «C’est la plus grosse manif de ces dernières années à Chambéry. C’est populaire, c’est massif et cela porte un sens politique qu’il faut écouter : les partis politiques ne doivent pas passer à côté, comme ils l’ont fait pour les gilets jaunes.» Christelle, conductrice de travaux de 33 ans, l’assure : «Je resterai mobilisée tout l’été s’il le faut. L’obligation vaccinale, le pass sanitaire, les deux sujets se rejoignent, mais je veux plus que l’arrêt de cette politique : je voudrais que Macron tombe. Je reviendrais.» A 17 heures, la manifestation se dissout sans anicroche, après être revenue à son point de départ, le palais de justice. Une pancarte de carton reste posée contre le mur : «Vos engagements trahis. L’hôpital et nos soignants trahis. Les libertés trahies. Notre dose on l’a déjà.»