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Précarité

Mineurs migrants isolés : une santé mentale aggravée par un accueil plombant

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Migrants, réfugiés... face à l'exodedossier
Médecins sans frontières et le Comité pour la santé des exilés publient un rapport peu réjouissant sur la santé mentale des mineurs isolés en France, déplorant des conditions d’accueil brutales qui ne font qu’entretenir la détresse psychologique de ces jeunes censés être accompagnés par l’Etat.
Dans un centre d'hébergement d'urgence pour jeunes migrants isolés dans le XVe arrondissement de Paris. Géré par l'Armée du Salut, il accueille des migrants en attente de la reconnaissance ou non de leur statut de mineurs isolés étrangers. (Michael Bunel/Le Pictorium pour Libération)
par Alicia Girardeau
publié le 9 novembre 2021 à 12h14

De décembre 2017 à juin 2021, 395 «mineurs non accompagnés» ont bénéficié d’un suivi psychologique au centre d’accueil de jour de Médecins sans frontières, à Pantin (Seine-Saint-Denis). Ils sont ces quelques milliers d’exilés, âgés de moins de 18 ans, arrivés seuls sur le territoire national et dont l’encadrement dépend donc désormais de l’Etat français. Quelque 17 % d’entre eux sont originaires de zones de guerre et de conflits (Afghanistan, Soudan, Mali…). Pour autant, et c’est ce que pointe le rapport publié aujourd’hui par MSF et le Comité pour la santé des exilés (Comede), cet accueil n’est pas à la hauteur des besoins de ceux qui le reçoivent. Pis encore, il exacerbe les troubles déjà présents, allant même jusqu’à en favoriser l’apparition.

50 % des mineurs non accompagnés présentent des troubles réactionnels à la précarité

A leur arrivée en France, ces jeunes sont déjà fragilisés. Traumatisés par un parcours migratoire jonché de violences, de risques d’assassinats ou d’enlèvements. Certains le sont plus que d’autres. Les jeunes filles par exemple. Elles représentent 50 % des victimes de violences sexuelles sur la route de l’exil. La moitié d’entre elles reçoivent un suivi psychologique dans le centre d’accueil de Pantin. Seulement 16 % des garçons en bénéficient. Globalement, la plupart souffrent de troubles psychiques : des syndromes psychotraumatiques, des dépressions. Tous ont pour dénominateur commun des parcours de vie complexes dont l’accomplissement se trouve (en théorie) ici, en France. Néanmoins, lorsqu’ils passent la porte de l’accueil de jou