Le mouvement de colère des pharmacies pourrait-il porter ses fruits ? Alors que les officines se mobilisent depuis cet été contre la mesure baissant leur rémunération sur les ventes de génériques, l’intersyndicale croit en un retrait in extremis par l’exécutif avant le vote de confiance du 8 septembre. Optimisme affiché mercredi 3 septembre, après une réunion en compagnie des ministres de la Santé, Catherine Vautrin et Yannick Neuder. Une autre, plus décisive, est prévue ce jeudi après-midi, avec le directeur adjoint du cabinet du Premier ministre, Louis Margueritte.
«La ministre nous a indiqué qu’elle comprenait bien qu’il fallait faire un geste sur l’arrêté» gouvernemental du 4 août baissant les remises commerciales aux pharmaciens sur les génériques, a rapporté jeudi Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), lors d’une conférence de presse avec d’autres organisations de pharmaciens. «Elle nous a proposé de réfléchir à revoir l’arrêté avant lundi, en en améliorant les conditions.»
Arrêté entré en vigueur le 1er septembre
La colère des pharmaciens retentit depuis cet été, avec une série d’actions de protestations : grève des gardes, fermetures d’officine… Malgré une mobilisation avec d’autres professionnels de santé libéraux dès le 1er juillet, l’arrêté contesté a été publié le 6 août. Il plafonne, depuis le 1er septembre, les remises consenties par les laboratoires aux pharmaciens à 30 % maximum du prix des médicaments génériques, contre 40 % actuellement. Une façon d’alléger le poids de cette ristourne sur les comptes de la Sécurité sociale. Les syndicats anticipent une diminution d’un tiers des marges des pharmacies, et s’inquiètent d’une fragilisation des officines déjà en difficulté. «Nous sommes passés d’un réseau de 24 000 officines à 20 000 en une quinzaine d’années, et le mouvement s’accélère», alertait encore Philippe Besset mi-août auprès de Libé. D’autant que d’autres baisses successives sont programmées pour atteindre 20 % en 2027.
Pour l’heure, l’intersyndicale se veut ferme dans les discussions : il n’est pas question pour les représentants de la profession de n’obtenir que des modifications de l’arrêté. Il «doit être retiré immédiatement ou, à défaut, suspendu le temps de la mise en place d’un plan pour la pharmacie française», ont rappelé les représentants des pharmaciens dans un communiqué de presse.
Une journée de «fermeture nationale» des officines est toujours prévue le 18 septembre. «Si nous obtenons gain de cause, nous considérerons que nous pouvons nous remettre au travail», a déclaré Philippe Besset. Dans le cas contraire, «nos syndicats n’hésiteront pas à saisir la voie judiciaire en attaquant l’arrêté auprès du Conseil d’État et à accélérer la mobilisation», a ajouté Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), cité par le Moniteur des Pharmacies. Et le pharmacien n’a pas manqué de renforcer son coup de pression en rappelant le «soutien massif que nous témoignent les députés et sénateurs de tous les bords politiques».