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Moins de 2 Français sur 10 estiment que l’immigration fait partie de leurs préoccupations en 2024

Dans le rapport annuel du CESE sur les priorités des français, réalisé en collaboration avec Ipsos et paru ce mercredi 23 octobre, la santé arrive en tête suivie du pouvoir d’achat et de la situation économique du pays.
Le rapport annuel du CESE sur les priorités des Français paru ce mercredi 23 octobre indique que le pouvoir d'achat et la santé figurent parmi les préoccupations principales. (Guillaume Fauveau/Hans Lucas pour Libération)
publié le 23 octobre 2024 à 12h26

N’en déplaise aux médias du groupe Bolloré, ce n’est pas l’immigration qui provoque le plus d’inquiétudes cette année chez les Français. La santé, en revanche, écope du titre du «premier sujet de préoccupation des Français» selon un sondage Ipsos réalisé pour le Conseil économique, social et environnemental (CESE), et publié ce mercredi 23 octobre.

Interrogés sur les trois thèmes «qui les préoccupent le plus», seuls 18% des Français ont placé dans le lot l’immigration qui arrive à la sixième place du classement à ex-aequo avec l’instabilité géopolitique ou l’avenir du système de retraites. Ce résultat est constant par rapport à l’année dernière. A noter que la catégorie socio-professionnelle qui a le plus cité l’immigration au cours de l’enquête sont les retraités (21% d’entre eux).

L’immigration reste loin derrière la santé : 40% des Français ont sélectionné cette thématique dans leur réponse, soit une hausse de 3 points en un an. Ce chiffre grimpe même à 42 % au sein des catégories socioprofessionnelles défavorisées (CSP-), selon l’enquête commandée par la troisième assemblée constitutionnelle de la République censée éclairée le gouvernement dans l’élaboration de ses politiques publiques.

Malgré une baisse de 6 points par rapport à 2023, le pouvoir d’achat reste dans le top du classement, jugé comme un motif de tracas majeur par 34% des Français. Après deux années d’inflation record, même si la hausse des prix redevient plus contenue et stagne à 2 %, les Français peinent toujours à joindre les deux bouts : 32 % déclarent qu’ils parviennent tout juste à répondre à leurs besoins essentiels et 13 % n’y parviennent pas. Derrière le pouvoir d’achat, la situation économique et financière du pays, se hisse à la troisième place avec 28% des avis exprimés en augmentant de 5 points en un an. La situation politique du pays qui n’avait pas été proposée comme priorité potentielle aux sondés l’année dernière arrive en quatrième position.

Des inégalités sociales qui pèsent sur le rapport à la démocratie

Toujours autour de la santé, l’accessibilité aux services publics pose problème : un Français sur deux dénonce un difficile accès aux soins. Dans les agglomérations de moins de 20 000 personnes, c’est 59% d’opinions exprimées qui vont dans ce sens. Le CESE souligne d’importantes «inégalités», notamment de santé. Plusieurs départements des régions d’Outre-mer, Hauts-de-France, Grand Est et Centre cumulent «une espérance de vie à 60 ans plus faible et un nombre plus élevé d’années vécues en mauvaise santé». Les 5 % des hommes les plus aisés vivent 13 ans de plus que les 5 % des hommes les plus pauvres, un écart qui s’observe aussi chez les femmes mais qui se réduit à 8 ans.

Reste qu’un accès moindre aux services «pèse négativement sur l’attachement à la démocratie», relève le CESE. Ainsi «15 % des Français déclarent qu’ils ne seraient pas prêts à défendre la démocratie si elle était en danger», note l’étude, et «plus inquiétant, 23 % ne sont pas convaincus qu’il s’agisse du meilleur système politique existant». Parmi les moins attachés à la démocratie, «les jeunes et les personnes défavorisées sont largement surreprésentés», pointe l’enquête. Et «un Français sur deux juge que seul un pouvoir fort et centralisé peut garantir l’ordre et la sécurité (51 %)».

Quant à leur participation à la vie de la société, les Français plébiscitent l’engagement dans une association (35 % des sondés sont bénévoles, 43 % parmi les retraités), plutôt que dans un syndicat ou une organisation professionnelle (12 %) ou encore au sein d’un parti politique (7 %).