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Reportage

«Mon rêve serait d’avoir une loi pour que je puisse me reposer» : Claudette Pierret accompagne en Belgique les Français qui choisissent l’euthanasie

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Fin de viedossier
Cette «passeuse» de 76 ans consacre sa vie à aider des personnes malades à se rendre à l’étranger, où l’euthanasie est légale. Fin janvier, elle a accompagné Lydie, 43 ans, à Bruxelles. «Libération» les a suivies.
Claudette Pierret, membre de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité, et Lydie Imhoff, la veille de son euthanasie en Belgique. A Longwy (Meurthe-et-Moselle), le 31 janvier. (Christophe Maout/Libération)
par Zoé Neboit
publié le 11 mars 2024 à 7h42

Un être psychopompe est, en grec ancien, celui qui conduit les âmes des défunts ; à la fois guide et passeur d’un chemin qu’elles ne pourraient faire seules. Ici le Styx, c’est la Moselle. La porte des Enfers, le poste douanier des Trois Frontières. 11 h 30 sonne l’heure à Longwy, ancien bastion de la radio libre Lorraine cœur d’acier. Le monospace de location Carrefour se gare au fond du lotissement. Exploit ou miracle, les voyageurs ont seulement une petite demi-heure de retard, après avoir contourné les blocages des agriculteurs en colère. Les voisins ont gentiment prêté leur rampe pliable pour monter le fauteuil roulant de Lydie en haut des trois marches de l’entrée, sous l’œil prudent de Claudette. «Salut les touristes», pouffe Lydie à mi-pente. «J’en ai aidé des gens, mais dire au revoir à Lydie, ça va être quelque chose», souffle l’hôte.

Ancienne assistante de direction à la retraite, Claudette Pierret a 76 ans et elle ne ressemble pas vraiment à Cerbère. A l’aise pour se raconter, elle commence toujours par le début. C’est à 39 ans qu’elle découvre le combat des militants pour obtenir une loi sur l’euthanasie en France. «Il s’est passé ce que j’aime appeler une synchronicité.» Ainsi nomme-t-elle les hasards mêlés à de discrets mais percutants signaux