La technique utilisée contre le Covid et récompensée au prix Nobel 2024 de Médecine pourrait permettre de nouvelles avancées. Le laboratoire Moderna a publié mercredi 4 septembre des résultats prometteurs d’une étude réalisée sur des animaux. Ce nouveau vaccin réduit plus efficacement les symptômes et la durée de la maladie que les sérums déjà présents sur le marché.
Cette étude a été menée dans un contexte de recrudescence de personnes touchées par le virus ces derniers mois, avec une circulation plus rapide et plus contagieuse. Jusqu’à présent le nombre de cas signalés dépasse celui de toute l’année 2023, avec plus de 15 600 cas et 537 décès selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Le vaccin utilisé aujourd’hui pour combattre la propagation du Mpox avait à l’origine été développé pour combattre la variole humaine, une maladie mortelle qui a été déclarée éradiquée par l’OMS en 1980. Commercialisé sous le nom de «Jynneos» aux Etats-Unis, «Imvanex» en Europe et «Imvamune» au Canada est composé d’un virus «vivant atténué», ce qui veut dire que le virus a été affaibli pour ne pas transmettre la maladie aux humains. C’est ce modèle de vaccin qui est distribué actuellement dans plusieurs pays d’Afrique, touchés par l’épidémie.
Interview
Publiée dans la revue Cell le 4 septembre 2024, l’étude a été menée principalement par le virologue Jay Hooper, de l’Institut de recherche médicale sur les maladies infectieuses de l’armée américaine. C’est une technique déjà bien connue, l’utilisation de l’ARN messager, qui a permis d’élaborer un nouveau vaccin contre Mpox.
L’ARN messager (l’ARNm) est une molécule présente dans nos cellules et naturellement produite par notre corps. Le système cellulaire lit les informations codées par l’ARNm et se convertit en une protéine. Lorsqu’un vaccin avec ARNm est injecté, la molécule va identifier la protéine du virus à combattre et se convertir en celle-ci. La protéine entre alors dans les cellules du virus et permet au corps de déclencher une réponse immunitaire adaptée. La même technologie avait été utilisée par le laboratoire Moderna pour générer un vaccin efficace contre le Covid.
Des résultats encourageants
Dans le cadre de cette étude, six macaques ont été vaccinés avec le vaccin à ARN messager, et six autres ont reçu une injection du vaccin actuellement commercialisé. Huit semaines après la première injection, les 12 macaques ont été exposés à une souche mortelle de Mpox. Un autre groupe de six macaques non vaccinés a également été exposé au virus. Tous les singes vaccinés ont survécu, quel que soit le vaccin utilisé, et cinq des six macaques non vaccinés sont morts.
Les primates vaccinés à l’ARN messager ont perdu moins de poids et ont eu moins de lésions que ceux injectés avec le vaccin atténué. De plus, le vaccin à ARN messager a permis de réduire de près de 10 jours la période pendant laquelle des lésions étaient visibles sur les macaques. La charge virale dans le sang et dans les prélèvements au niveau de la gorge était également inférieure, ce qui suggérerait qu’il réduit aussi le risque de transmission.
Ce vaccin, appelé mRNA-1769, fait l’objet de premiers tests cliniques sur les humains au Royaume-Uni, pour s’assurer qu’il ne présente aucun risque. Ces tests ont débuté le 15 août dernier et devraient s’achever le 13 juin 2025, selon l’estimation du laboratoire Moderna. L’objectif principal est la prévention, donc il s’agit d’évaluer l’innocuité et l’immunogénicité - la capacité d’une personne à formuler une réponse immunitaire.
La mise en place de ce vaccin ARNm intervient alors que l’Afrique connaît une recrudescence du Mpox - appelé auparavant «variole du singe», causé par l’apparition d’un nouveau variant (clade 1b). Une augmentation de cas qui a poussé l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) à déclencher, le 14 août, son plus haut degré d’alerte sanitaire mondiale. En France, par mesure préventive, une deuxième dose de vaccin a été recommandée lundi 2 septembre par la Haute Autorité de la Santé, (HAS).