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Libération
Journal d'un système de santé en crise

«Nous, infirmiers, sommes la dernière cartouche des politiques pour pallier le champ de ruines qu’ils ont créé»

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Journal d'épidémie, par Christian Lehmanndossier
Christian Lehmann est médecin et écrivain. Pour «Libération», il tient la chronique d’une société touchée par les crises sanitaires.
Une infirmière dans le service de soins palliatifs de l'hôpital Saint-Joseph de Marseille, en janvier. (Clément Mahoudeau/AFP)
publié le 20 mai 2024 à 16h38

Tandis que se poursuivaient les négociations en vue de faire revenir les médecins au sein d’un accord conventionnel, les infirmiers manifestaient la semaine dernière, une fois de plus, dans un relatif silence médiatique. Au-delà des clichés habituels sur leur dévouement, sur le caractère inacceptable de leur rémunération, tout se passe comme si la population, les décideurs politiques, et même les médecins, s’étaient habitués à ce que cette profession subisse sans broncher une forme de paternalisme larmoyant, en mode : «Ils et elles sont bien braves.»

Frédéric Valletoux, ministre de la Santé, annonçait dans la Tribune le mois dernier son souhait «de faire évoluer la loi afin d’élargir et de clarifier les compétences des infirmiers». En effet, leur décret de compétences vieux de vingt ans mérite bel et bien un dépoussiérage mais, comme l’explique Denis Cornet, 34 ans, infirmier libéral dans le Puy-de-Dôme et vice président de Convergence infirmière, syndicat représentatif d’infirmiers libéraux : «Elargir nos compétences, qu’est-ce que cela veut dire si déjà on ne reconnaît pas à leur juste valeur nos compétences actuelles ? On nous propose soudain de signer les certificats de décès… parce qu’il n’y a plus de médecin ; de participer à des astreintes de petites urgences… parce que le 15 n’a