Il est midi. Casque audio vissé sur le crâne, Lisa (1) brise le calme qui règne depuis le début de la matinée autour des deux bureaux. «Bonjour Nathalie (1), c’est Lisa, du 3114. Comment vous allez aujourd’hui ?» Affublée d’une blouse blanche, la psychologue de 24 ans est l’une des répondantes du numéro national de prévention du suicide, mis en service le 1er octobre. Soigneusement pesés, ses mots dessinent la situation d’isolement de cette octogénaire : des douleurs physiques causant des maux psychiques et une dépendance affective dans son couple. Une dizaine de minutes plus tard, Lisa questionne celle qu’elle a déjà eue à plusieurs reprises au téléphone : «Est-ce que vous avez des idées noires, Nathalie ?» Silence. Yeux fixés sur ses quatre écrans, la psychologue officiant au centre de jour installé au centre hospitalier Henri-Laborit de Poitiers (Vienne) rebondit : «Qu’est-ce que vous entendez par de temps en temps ? Tous les jours ?» Par cet appel, Lisa doit qualifier et évaluer la souffrance et déceler sans brusquer d’éventuelles idées suicidaires. Complémentaire des lignes d’écoute telles que SOS Amitié, ce numéro gratuit et confidentiel tenu par des professionnels se distingue par sa logique d’orientation et d’intervention.
Témoignages
Si le jour de notre visite est particulièrement calme, la cellule reçoit en moyenne quatre appels quotidiens à Poitiers et en passe quasim