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Libération
Reportage

Numéro national de prévention du suicide : «Est-ce que vous avez des idées noires ?»

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Mis en service le 1er octobre, le 3114, joignable jour et nuit, se distingue des lignes d’écoute par sa logique d’orientation et d’intervention. «Libération» a suivi deux répondantes de l’unité Poitou-Charentes.
Lisa, psychologue de la ligne poitevine du 3114, doit qualifier et évaluer la souffrance des personnes au bout du fil. A Poitiers, le 13 octobre. (Claude Pauquet/Vu pour Libération)
par Marlène Thomas Decreusefond et photos Claude Pauquet
publié le 23 octobre 2021 à 10h00

Il est midi. Casque audio vissé sur le crâne, Lisa (1) brise le calme qui règne depuis le début de la matinée autour des deux bureaux. «Bonjour Nathalie (1), c’est Lisa, du 3114. Comment vous allez aujourd’hui ?» Affublée d’une blouse blanche, la psychologue de 24 ans est l’une des répondantes du numéro national de prévention du suicide, mis en service le 1er octobre. Soigneusement pesés, ses mots dessinent la situation d’isolement de cette octogénaire : des douleurs physiques causant des maux psychiques et une dépendance affective dans son couple. Une dizaine de minutes plus tard, Lisa questionne celle qu’elle a déjà eue à plusieurs reprises au téléphone : «Est-ce que vous avez des idées noires, Nathalie ?» Silence. Yeux fixés sur ses quatre écrans, la psychologue officiant au centre de jour installé au centre hospitalier Henri-Laborit de Poitiers (Vienne) rebondit : «Qu’est-ce que vous entendez par de temps en temps ? Tous les jours ?» Par cet appel, Lisa doit qualifier et évaluer la souffrance et déceler sans brusquer d’éventuelles idées suicidaires. Complémentaire des lignes d’écoute telles que SOS Amitié, ce numéro gratuit et confidentiel tenu par des professionnels se distingue par sa logique d’orientation et d’intervention.

Si le jour de notre visite est particulièrement calme, la cellule reçoit en moyenne quatre appels quotidiens à Poitiers et en passe quasim